LE SAMOURAÏ, première collaboration entre Melville et Delon, est un polar à la trame tout ce qu'il y a de plus classique (un tueur à gages poursuivi par la police et ses commanditaires) mais qui influencera de nombreux cinéastes, encore aujourd'hui.
Déjà avec cette ambiance froide grâce à la photographie grise et bleue et cette musique dérangeante presque fantastique. Pourtant il s'agit d'un film extrêmement réaliste sur le monde criminel; froid, funèbre et sans issue. Dans ce monde, il n'y a pas de bruit tant il est solitaire et vide. Peu de paroles, des voix graves, une vie nocturne glaciale. Delon incarne à merveille ce samouraï moderne errant dans un Paris fantomatique.
L'impressionnante mise en scène de Melville capte cette vie dans un espace temps restreint. Il parvient à donner vie au personnage de Jef Costello en nous montrant sa routine de travail, ses codes et ses quelques principes. Le samouraï est noble d'une certaine manière, Delon apporte toute cette noblesse et Melville la capture dans ces plans larges iconisant Delon dans son imperméable, chapeau vissé sur la tête. Et cette voix...
Si on se laisse porter par ce film particulier à bien des égards, on saisira la puissance évocatrice de la solitude. Costello ne possède pas de passé mais on devine aisément que le monde dans lequel il vit l'a amené à ce mode de vie solitaire, sans but et sans raison. Un film qui redéfinira le polar, reprenant les codes créés par les Américains, pour en faire une variante qui nourrira le cinéma à nouveau.