Judd Apatow a récemment déclaré dans Cinemateaser (magazine que je vous encourage à lire de toute urgence) qu'il fallait arrêter de séparer comédie et drame. Et ma foi, ce monsieur a tout fait raison. Son THE KING OF STATEN ISLAND en est la preuve parfaite, la vie est tout autant dramatique que comique.


Scott à la vingtaine et il est sacrément paumé. Il se bloque à Staten Island et soigne sa dépression par la glande et la fumette. Mais Scott, c'est bien plus que ça. C'est un mec bien, il est juste seul face à son deuil qu'il ne parvient pas à faire. Nourri de la propre vie de son interprète, Pete Davidson (impressionnant de justesse, empathique et attachant), on ressent le poids qu'est la vie sur ses frêles épaules. Il traîne sa carcasse de personnes en personnes, leur impose son comportement colérique, lunatique et cynique, pour au final faire preuve de mauvaise foi quand on le met face à la réalité. Rarement, un film aura aussi bien traité l'impact de la mort et ses déflagrations sur la vie d'une personne sans renier l'aspect comique de la vie. Scott, reste cloisonné géographiquement et métaphoriquement. Il observe la vie continuer ; sa sœur, sa copine, et même sa mère, elles, veulent vivre. Lui, tente de les en empêcher. Comme obligé de souffrir pour ne pas oublier, il se tatoue le corps et marque les autres pour s'entraîner à la vie. Une vie qu'il se refuse alors qu'elle lui tend les bras, il préfère essayer de l'adapter à sa vision tordue de celle-ci.


Sur un peu plus de deux heures qui aurait peut-être mérité une légère réduction afin de rythmer davantage le métrage, Apatow étudie sans jugement aucun ses personnages et leurs quêtes de vie, de reconstruction. Car tous sont des amochés. Au détour de dialogues naturels, on rit (beaucoup) et on encaisse (souvent) la tristesse qui se dégage de ces beaux personnages. Quand bien même les seconds rôles auraient mérité un peu plus de profondeur, ces derniers sont parfaitement servis par un casting touchant de vérité. S'y trouve notamment de très beaux personnages féminins entourant Scott, le soutenant et le poussant à voler de ses propres ailes, tout autant qu'ils cherchent à vivre.


THE KING OF STATEN ISLAND est une très belle réussite par sa transposition, simple et sincère, de la vie. Et cette fin, parfaite, nous rappel que la vie à beau nous mettre parfois K.O., il ne tient qu'à nous de nous relever pour la continuer. Pas nouveau ni très profond mais pourtant tellement vrai.

Seenzek7
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le 5 août 2020

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