Les cimes du rêve

Le Sommet des dieux n'est pas seulement l'adaptation d'une autre œuvre, il est un objet cinématographique à part entière. Ici, rien n'est laissé pour compte, la beauté enveloppe les moindres détails de ce film d'animation grandeur nature qui nous captive par ses décors époustouflants et son histoire saisissante. Mention spéciale pour la bande originale d'Amine Bouhafa qui permet d'accentuer encore plus la magnificence des paysages et de nous envelopper dans une atmosphère toute particulière.

Mais si la beauté du film ne fait pas de doute, esthétiquement et scénaristiquement, il serait regrettable de passer à côté des autres émotions qu'il nous fait ressentir. L'angoisse, la plus marquante de ces émotions, est présente à chaque ascension, où la mort scrute chaque personnage, prête à les dévorer. Or, si ce sentiment de frayeur, voire de malaise, est si bien retranscrit c'est parce que la mise en scène s'attache à la fois très soigneusement aux détails techniques qui permettent de s'identifier aux personnages, mais redouble également d'ingéniosités cinématographiques. L'ascension de Fukamachi, à la fin du film, en est l'exemple le plus prégnant : ici ses maux de têtes résonnent en lui de la même façon qu'ils résonnent sur l'écran par de bondissantes rafales rouges. Des trouvailles de mises en scène qui obligent le spectateur à se cramponner à son siège, les yeux rivés sur un écran où la beauté et l'horreur ne font plus qu'un.

Ce long-métrage d'animation est une œuvre cinématographique éblouissante qui n'est pas seulement fondée sur une esthétique et un travail de recherche fascinants mais aussi sur une histoire qui réussit à parler à tout le monde de par son discours sur les rêves que l'on imagine bien trop souvent impossibles. Le Sommet des dieux est un rêve impossible, mais bien réel.