Le Sortilège du scorpion de jade par Christine Deschamps

J'ai tellement Woody Allen en horreur que je finis par regarder ses films avec un plaisir sadique anticipé. Celui-ci m'a vraiment transportée de bonheur : une nullité absolue, d'une vanité rare, qui m'a permis d'ajouter tout un chapitre au recueil nourri des griefs contre cet imposteur, qui est à mon avis au cinéma ce que la bulle immobilière est à l'économie mondiale. Allez, je plaisante (à moitié), on se détend, pas la peine de monter sur de grands chevaux, je suis une cause perdue et personne ne peut faire l'unanimité - je me dévoue, je serai l'avocate du Diable. Vingt-cinq ans que j'hallucine de la vanité insondable de l’œuvre de ce monsieur, il en faudrait pour me faire changer d'avis. Et pourtant, je lui donne toujours une chance, ne serait-ce que parce que des gens que j'apprécie le trouvent fréquentable. Cela restera donc un mystère pour moi après la douloureuse expérience de ce Scorpion de jade. Parce que non seulement cette petite histoire sans prétention (chez d'autres, ça pourrait être une qualité, ici, c'est juste entre exaspérant et sidérant à la fois - comment un tel projet a-t-il trouvé un financement, mystère...) ne casse pas la moindre patte de canard, ni la première ni la troisième, mais en plus, le Woody s'est dit qu'il ferait merveille à l'interpréter lui-même et là, LA, c'est la révélation ! Il est encore plus pathétique comme acteur que comme auteur ! Je ne pensais pas que cela serait possible. Mais le voir tournoyer sur lui-même comme une toupie, la mèche rare et hirsute, dans une agence de détective, ou se balader les mains dans les poches sur une scène de crime, la tête accrochée au mauvais clou hors de l'axe de son corps chétif, ou jouer tour à tour au rustre ou à l'amoureux transi face à une Helen Hunt incrédule, probablement importunée par sa voix aigrelette, est une nouvelle avanie inattendue ! On peut totalement manquer de qualités et réussir. C'est presque réconfortant. (Chers fans de Woody, désolée, j'ai vraiment essayé de me retenir, mais non, le dégommer est trop jubilatoire ! ^^). Allez, je sors, mais dites-vous au moins que ça m'a fait chaud au cœur de déboulonner l'idole en sucre et soyez indulgents, j'ai si peu d'occasions de jubiler dans le pathétique quotidien qui est le mien au boulot... ;)

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le 30 mai 2018

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