On a connu Malle plus inspiré que dans ce film, notamment dans "le Voleur" ou dans "les amants". Il retrouvera une certaine verve dans "Lacombe Lucien".
Néanmoins, si ce n'est pas le meilleur du réalisateur, ce n'est sans doute pas le pire des films de l'année 1971.
Ce qu'en retient la vox populi, c'est l'inceste entre le fils et sa mère. C'est beaucoup et peu à la fois.
Je me souviens que Michel Polack avait fait ses choux gras de cet aspect du film au moment de sa sortie, le réduisant à pas grand chose, une provocation en somme, bien dans l'esprit post 68.
Certes, il y a bien un peu de celà dans ce film, mais pas seulement, et fort heureusement.
Malle réinvestit ici des anecdotes familiales assez cocasses ( la scène du tableau de Corot lacéré par le frère du héros devant le regard médusé de ses parents est un régal), et contribue à crédibiliser l'ensemble.
Néanmoins deux aspects sont fort gênants en définitive.
D' une part cette approximation propre aux années 70 dans la reconstitution historique des années 50, qui m'horripile: Tignasses improbables chez les garçons, pat d'eph' entrevues ça et là, scouts d'Europe en 1954, voitures anachroniques...
Un tel je m'en foutisme ne passerait plus de nos jours, et c'est tant mieux.
La deuxième chose est liée à la première : pour ne pas avoir à reconstituer une troupe de scouts "traditionnels" telle qu'elle existait en 1954, Malle a fait appel à des scouts d'Europe du Chesnay. Il s'est bien gardé de leur dire en quoi consistait le film, car il aurait essuyé un refus catégorique. Donc il les a trompés sciemment, et ça c'est assez dégueulasse. Plus de rigueur dans la reconstitution lui aurait épargné de passer pour un faisant.