Pyjama party

Le baseball, voilà un truc qui me passionne autant que le tuning sur véhicules agricoles ou le reggaeton estonien.

Je suis fan de sports US pourtant. J'adore celui où des gang-members tatoués jusqu'au trou de balle font rebondir une balle orange, et celui où des cyborgs shootés aux stéroïdes se concassent les cervicales pour un ballon ovale. Bref je suis pas trop regardant sur les dérives, et dans l'absolu je pourrais aimer le baseball. Si c'était pas aussi nul.

Pour résumer, ce sont des mecs en pyjama qui jouent devant un public venu avant tout enquiller des "Hot Dog Deluxe" et autres "Giant Nachos", en attendant qu'une balle soit frappée correctement tous les quarts d'heure. Les cameramen multiplient les plans sur les coaches, parce qu'il faut bien meubler. Et là... et là on se rend compte que même eux s'emmerdent, regards absents, sûrement à se dire qu'il est temps de remplacer leur pick-up.

Bref on a envie de se péter ses propres genoux à coup de batte histoire que les urgences nous emmènent loin de tout ça.

(Et vu qu'on cause ciné, on notera qu'à chaque fois qu'une bouse US montre un père faire du sport avec son gosse dans leur banlieue résidentielle sinistre - généralement le gamin a une coupe au bol et va choper une leucémie ou se faire kidnapper - c'est TOU-JOURS du baseball. CQFD.)

Là où je veux en venir, c'est que c'est une perf d'avoir fait de ce sujet un film prenant. En choisissant justement l'option "envers du décor", où les stars sur le terrain n'apparaissent plus que comme des pions d'une partie d'échecs qui les dépasse. Aaron Sorkin fait alors ce qu'il sait faire le mieux : disséquer une micro-société précise, avec ses codes et ses rapports de pouvoir, porter soin aux dialogues, et évidemment placer un grain de sable dans la machine, ici Brad coiffé d'une visière, pour voir ce qu'il se passe.