Isao Takahata, c'est Pompoko, ça va être Only yesterday mais c'est surtout ce film, Le tombeau des lucioles, un livre adapté en animé. Ce réalisateur japonais, né le 29 octobre 1935, avait dix ans lorsque les bombes tombèrent sur le pays du Soleil Levant. Des visions d'horreur qui ont dû le marquer à jamais, comme l'atteste les dessins des corps calcinés, ces images de bombes tombant et ravageant tout sur leur passage. Le tombeau des lucioles est une sorte d'exutoire pour Takahata, un film qui lui permet d'avoir une vision de la guerre. Un adulte qui réalise un animé avec le regard d'un enfant traumatisé. Pas étonnant que les protagonistes principaux de cette formidable (on peut le dire, si si...) oeuvre soit deux enfants en détresse totale dans cette guerre. Takahata sait très bien qu'un dessin animé peut toucher un maximum de personnes. Même si celui-ci semble, en jetant un premier regard, destiné à des enfants (notamment par le langage de Seita et Setsuko qui est très enfantin), le film semble quand même beaucoup mieux adapté pour les adultes. Ces derniers auront nettement plus faciles à discerner le message que le réalisateur fait passer, les enfants ne verront que principalement des images sans pour autant pouvoir comprendre ce que Takahata veut dire. Je tiens aussi à signaler que les dessins, bien qu'en 2D et ayant presque vingt ans d'âge, ont à peine vieillis. Certes, on remarque aisément que les décors du fond sont statique mais qu'importe, ils restent très beaux. Un énorme travail a d'ailleurs été fait sur les gestes et les expressions du visage.Ici, pas de gentils et pas de méchants! Les Américains se résument simplement à des avions et à des bombes... Les Japonais sont représentés quasi exclusivement par des civils mais dont le sort de Seita et Setsuko ne les intéresse guère. Ainsi ces images dès le début du film de mourants, en plein milieu d'une gare, dont personne ne s'occupe ou ne tend à jeter un oeil. Ou cette tante, sous prétexte que Seita et Setsuko ne font rien, refuse qu'ils mangent la même chose qu'eux. Takahata essaye d'avoir une vision la plus neutre possible de la guerre. La famille est également très importante pour le réalisateur. Ainsi, celle-ci disparaît très vite: la mère meurt au cours de bombardement et le père est absent, parti combattre les Américains. On n'a cependant jamais de nouvelles de ce personnage. Les seuls visions du père viennent de l'imagination de Seita. Cette attention que porte Takahata sur une famille déchirée représente-t-elle ce qu'il a vécu lui-même ou également l'écrivain Nosaka Akiyuki? Que dire de la dernière image du film, montrant le fantôme de Seita regardant une ville japonaise, et qui veut tout simplement signifier qu'il ne faut pas oublier les erreurs du passé pour ne pas faire les mêmes plus tard... Et quoi penser également de ces visions de centaines de lucioles, une sorte de paradis en plein milieu de cet enfer jusqu'à ce que celles-ci meurent? Ce film est un magnifique plaidoyer pour la paix, absolument émouvant. Un animé fantastique vraiment et que je conseille à tous!

Créée

le 6 mai 2011

Critique lue 681 fois

15 j'aime

3 commentaires

batman1985

Écrit par

Critique lue 681 fois

15
3

D'autres avis sur Le Tombeau des lucioles

Le Tombeau des lucioles
Silence
10

Les vestiges de l'absurde [9.7]

Il est parfois bon de filmer le comportement individuel de fourmis avant de filmer l'interieur de la fourmillière, puisque le tout ne signifie que la somme des particules... Isao l'a bien compris et...

le 31 mai 2013

138 j'aime

8

Le Tombeau des lucioles
Grard-Rocher
10

- "Le Tombeau des lucioles" dans mon "TOP 10" -

Durant l'été 1945, Seita, un adolescent de quatorze ans et sa petite sœur de quatre ans, Setsuko, bien qu'heureux auprès de leurs parents, vivent une enfance tourmentée dans un Japon secoué par la...

134 j'aime

56

Le Tombeau des lucioles
Hypérion
9

L'Enfance. Ravagée.

Je pouvais difficilement revoir Mon Voisin Totoro sans enchaîner sur son contemporain Le Tombeau des lucioles, piliers du succès du studio Ghibli. Comme pour Mon voisin Totoro, je pourrais me...

le 9 déc. 2011

124 j'aime

9

Du même critique

Manhattan
batman1985
5

Je n'accroche décidément pas...

Je vais certainement me faire encore des détracteurs quand j'attaque du Woody Allen et notamment un des film important du cinéaste. Je vais pourtant tenter, une fois encore, d'expliquer ce qui ne me...

le 8 juil. 2012

48 j'aime

1

La dolce vita
batman1985
5

Critique de La dolce vita par batman1985

Ah cette Dolce Vita, dur dur de passer à côté quand on se dit cinéphile. D'autant que la réputation de ce film est grande. Récompensé par une palme d'or à Cannes, l'oeuvre de Fellini est un...

le 6 mai 2011

43 j'aime

3

Le Grand Rasage
batman1985
9

Critique de Le Grand Rasage par batman1985

Voilà probablement l'un des plus grands court-métrage de tous les temps! Une oeuvre formidable de quelques minutes qui dénonce, sans jamais qu'on ne la voit, la guerre du Vietnam. Pas une seule...

le 6 mai 2011

40 j'aime

4