Des années de préparation suivies de l'échec cuisant de son trop ambitieux Mr Nobody ont quelque peu refroidi Jaco van Dormael. Le peu prolixe réalisateur revient néanmoins à la Quinzaine des Réalisateurs bien décidé à se remettre sur les rails. Avec une phrase choc répétée en guise de promotion : ''Dieu existe, il habite à Bruxelles.''
Ce tout nouveau film repose sur l'idée jubilatoire de donner à Dieu le corps de Benoît Poelvoorde, acteur génial habité par des mimiques à mourir de rire. Dormael transgresse pour l'humour et toutes les scènes mettant en scène son Dieu sont très drôles. Seulement son film aurait dû rester dans le registre de la comédie et éviter de s'empêtrer dans l’œuvre profonde qui finit par dévorer complètement le second degré.
*Le Tout Nouveau Testament* fourmille de bonnes idées mais peine à les tenir jusqu'au bout. Le scénario s'attache davantage au parcours de la petite Ea, sa recherche d'apôtres et l'écriture de son testament, alors que la bonne idée du film se trouvait dans les dates de décès balancées au monde. Cette formidable trouvaille aurait suffit à faire un film entier, drôle et profond, elle est malheureusement trop peu exploitée.
Au final on a l'amer impression d'un film répétitif (la musique des gens, idée lumineuse mais usée jusqu'à la moelle au bout de la sixième fois) qui se repose sur un jeu de mis en scène peu original voire dépassé. Jaco van Dormael est pris en flagrant délit en train de faire du Jean-Pierre Jeunet, à illustrer tout ce que son petit narrateur raconte. C'est amusant au début, lassant bien avant la fin.
C'est un constat décevant que l'on dresse à ce *Tout Nouveau Testament* qui a pourtant bien su nous faire rire. Tout comme son Dieu van Dormael est doté d'une inspiration créatrice folle qu'il peine à exploiter justement.