Le Vieux Fusil, un film que tout le monde connaît de nom, et pour cause, on tient là un film récompensé par pas moins de trois césars. Meilleur film, meilleur acteur et meilleur son. Ce film abordant le thème de la vengeance contient tous les ingrédients nécessaires à un petit chef-d'œuvre, néanmoins il me semble un peu tombé dans l'oubli. Ce thriller de Robert Enrico prenant pour cadre la Seconde Guerre mondiale porte un regard terriblement réaliste sur l'histoire d'un homme qui va aller au-delà de lui-même pour se venger. Un film réellement honnête et émouvant.
Petit résumé du synopsis:
La France en 1944, Julien Dandieu (Philippe Noiret), chirurgien à Montauban, est confronté à la violence de la guerre. Quand il apprend que la division allemande va passer par la gare de son village, il craint pour la sécurité de sa famille. Il envoie son épouse Clara Dandieu (Romy Schneider) et son fils à l'abri dans un château derrière le village. Après une semaine, il arrive et découvre que sa femme et son fils ont été tués par un petit groupe d'Allemands qui ont déménagé volontairement dans le château...
Le vieux fusil dépeint le principe d'œil pour œil, dent pour dent de façon plutôt violente, peut-être était-ce l'une des raisons pour lesquelles le film a reçu peu d'attention internationale. Pourtant, il y a un réalisme impressionnant qui s'en émane, avec l'histoire de cet homme qui n'a plus rien à perdre, qui réclame juste la vengeance, mais n'est pas présenté comme un héros. En outre, il n'est pas question d'un plan préconçu et un peu irréaliste. Ici, chaque erreur est fatale, et le spectateur sue littéralement avec notre héros lorsqu'il traverse les passages secrets du château, grâce notamment à un travail de mise en scène brillant, soutenu par des plans de caméra réellement innovants.
Philippe Noiret joue excellemment bien dans ce film, et sait tour à tour se montrer impressionnant sans perdre de vue la vulnérabilité de son personnage, qui n'est toujours qu'un médecin face à des soldats. En effet, la vulnérabilité n'est jamais oubliée au moment de la transformation de son caractère de chirurgien tranquille en une véritable machine à tuer du nazi. Sa douleur est palpable et chaque Allemand qu'il descend est un sentiment de libération et de justice. Romy Schneider quand à elle, joue une femme au foyer vivant d'amour, mais grâce à la narration alternée avec les flashbacks, on apprend que son personnage possède un fond plus ambigu que ce qu'on pourrait croire au premier abord.
En fait, on se rend vite compte, même sans avoir lu un quelconque article sur ce film, qu'il s'agit d'une relecture des événements tragiques d'Oradour-sur-Glâne, Enrico a basé l'intrigue du film sur l'injustice et la colère ressentie face au destin des habitants de ce village, massacrés par une division blindée allemande, mais il ne s'agit pas d'un hommage à la victoire française pour autant. Il s'agit plus d'un film sur la mélancolie des survivants de la guerre, représentés ici par notre personnage principal, qui se retrouve avec un trou béant dans sa vie. Car au-delà de la satisfaction de sa vengeance, il ne reste plus de lui qu'un homme amer qui est à la recherche de réponses qu'il n'obtiendra jamais.
Pour conclure, disons simplement que ce film est une expérience envoûtante qui vous happe et ne vous lâche pas tout au long du visionnage. Un film à conseiller à tous ceux qui n'ont pas peur de la violence et sont intéressés par une expérience riche et sincère.