Peu de réalisateurs ont osé, et osent encore, user de l'enfance et son innocence supposée pour véhiculer une menace mortelle. Dans Le village des damnés, Wolf Rilla ne s’embarrasse d'aucune bonne morale et fait de ses petites têtes blondes des tueurs sans scrupules qui font froid dans le dos. Entre direction d'acteur inspirée, débrouillardise extrême et sens aigu de la mise en scène, Le village des damnés s'impose avec force et intelligence comme une belle référence dans le genre fantastique.

Wolf Rilla joue en effet avec tout ce qui caractérise ce type de sujet. Ce mystère jamais levé qui entoure la naissance des innocents zigouilleurs en étant l'essence même. Utilisé avec subtilité, il est d'autant plus efficace qu'il est assumé dans sa non explication. Peu importe en effet que les petits yeux qui s'éclairent pour manipuler les esprits aient une origine, du moment que leurs actes chamboulent les âmes. La preuve en est lorsque ces derniers se font meurtrier, cette origine n'intéresse plus, la survie prend le relais.

La belle ambiance qui plane sur Le village des damnés est autant due au savoir faire technique indéniable de Wolf Rilla qu'à sa complicité avec ses enfants acteurs. Le réalisateur sculpte en effet autant la tension de ses images par une subtile utilisation du hors champ qu'il ne la fait exploser en filmant les visages possédés de ses petits surdoués. Et il fallait un vrai sens de la direction d'acteur pour tirer autant des 12 ans de leur meneur, le très prometteur Martin Stephens, qui parvient à rendre très adultes ses traits de jeune enfant. Une prouesse qui permet aux quelques effets visuels qui ont un peu vieilli de ne pas devenir gênants.

Le village des damnés est une découverte à faire pour tous ceux qui apprécient la part de mystère propre au genre fantastique. Wolf Rilla y adapte une histoire originale et passionnante avec un sens évident de la mise en scène qui lui permet de palier à un budget que l'on devine pourtant assez restreint. Et puis, les films qui écornent autant la belle morale qui entoure habituellement l'enfance et la parentalité sont suffisamment rares pour que celui-ci vaillent le coup que l'on s'y attarde.
oso
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le 7 avr. 2014

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