Le Monde ne suffit pas perpétue sans imagination la formule pourtant intelligemment réinventée par Martin Campbell pour GoldenEye. Après un oubliable Demain ne meurt jamais, ce 19ème opus en suit malheureusement les grandes lignes.
Le Monde ne suffit pas aurait pu être réalisé par Joe Dante où Peter Jackson si la productrice d’EON Barbara Broccoli n’avait pas tant détesté son pourtant génial Fantômes contre Fantômes. Pour ce dix-neuvième opus, Michael Apted, un réalisateur connu pour ses téléfilms est donc choisi. Et comme son prédécesseur Roger Spottiswoode, ce dernier se conforme à un cahier des charges établis sans la fougue et la réinvention que Martin Campbell avait su opérer dans GoldenEye.
Bond Cinematic Universe
Les Bond s’enchaînent et se ressemblent donc, une fois de plus. La réinvention aura été de courte durée et Le Monde ne suffit pas ne déroge malheureusement pas à la règle. Après la mort de Sir Robert King, magnat pétrolier, l’agent 007 découvre que Renard, un terroriste anarchiste ex du KGB voudrait s’en prendre à Elektra King, la fille du défunt. Sous la surveillance rapprochée de sa supérieure M, Bond découvrira en fait que le coupable n’est pas celui qu’il imaginait. Dans un divertissement toujours aussi efficace ponctué de scènes d’action de haute volée, le film de Michael Apted tente cependant de sortir des clous en mettant un peu plus à l’honneur ses personnages féminins, ici campés par Sophie Marceau et Denise Richards.
Si M est ici plus présente que dans les deux précédents opus, ce n’est que pour servir d’otage, comme le pourtant excellent Robert Carlyle, antagoniste au physique terrifiant réduit au minimum syndical une fois de plus. Sophie Marceau fait alors ce qu’elle peut en femme fatale tour à tour fragile et manipulatrice pour donner un peu de chair à un opus qui en manque beaucoup. Si Denise Richards ne paraît ainsi que comme un ersatz de Lara Croft charmante et James-Bond girl très oubliable, Pierce Brosnan se contente de jouer une fois de plus l’actionner déterminé, au charisme et aux répliques qui ne font ici pas toujours mouches, broyés dans un récit mené à un rythme effréné.
Alors, que dire de plus d’une formule qui se répète depuis déjà deux longs-métrages, si ce n’est que le divertissement est assuré et que quelques scènes valent vraiment le coup ? Peut-être que James Bond était à l’époque géré de la même manière qu’une série télévisée où que le célèbre Marvel Cinematic Universe, où les réalisateurs ne s’enchaînent que pour respecter un cahier des charges préétabli sans jamais être en droit d’interroger la saga et le personnage par rapport à son époque et son héritage. Si GoldenEye était une mise à jour réussie et couronnée de succès, elle a malheureusement lancé une série de suite qui ont calqué son modèle sans jamais le rehausser, et c’est bien là les problèmes consécutifs qu’on étés Demain ne meurt jamais et ce Monde ne suffit pas.
L’occasion de se dire que Bond ne suffit tout simplement pas. Malgré les gadgets et les codes chers à la franchise ingérés et replacés sans aucune imagination, tout cela n’est qu’une simple opération qui ne fait que du mythique agent un héros comme on en fait mille. Le Monde suffit alors amplement pour ajouter à cette formule un peu de magie et de charme.
Focus sur Pierce Brosnan dans la peau de James Bond à retrouver ici.
Critique à retrouver (avec bien d'autres) sur cinefocus.fr