18 septembre 2020 au Reflet Médicis - Rétrospective rare du film de Jean-Daniel Pollet en copie restaurée. Projeté à Cannes en 1972.


Traumatisme à la limite du supportable. Un groupe de jeunes hippies traverse les montagnes infinies au rythme de la marche ou de la course rebelle, de la danse et du chant, des violences physiques et verbales jusqu'au meurtre et au viol de leurs semblables ou d'animaux égorgés sur leur passage. Parmi eux, le seul visage connu quasi muet de Claude Melki, acteur fétiche du réalisateur.


Atteindre la mer, symbole de la liberté absolue et de la délivrance, comporte des risques de souffrance et de mort. Inévitable chaos. Le monde urbain menace le parcours archaïque des voyageurs avec ses avions planant au-dessus d'eux, au bruit parasite assourdissant, quand les cris de terreur reprennent à leur éloignement.


Véritable théâtre vivant collectif en plein air, les moments de bonheur sont éphémères. La cruauté de l'homme à son paroxysme, le réconfort des vagues et du soleil est un idéal bien vite désacralisé.


Symbole rejeté de la contre-culture, le trip psychédélique et christique Le Sang vacille entre la Nouvelle-Vague, The Last Movie (chaos fatal); l'œuvre de Pasolini (poids de la religion, humiliation, sexualité); Cannibal Holocaust, Taking Off et La Cicatrice intérieure pour son paysage désertique et (post)apocalyptique, et la détresse de ses protagonistes au bord du vide ou de la rédemption.


Le Sang est le sang des égorgés, des condamnés, des vices (sexualité, meurtre) et du pouvoir. Source de vie, le sang est la couleur dominante et partie intégrante de notre chair. Source de mort, le liquide rouge coule des pires atrocités.


Montage linéaire ou discontinu, l'objectif encercle, colle, se distancie des corps animés ou devient lui-même un personnage de leur tribu à qui l'on s'adresse directement.


Nous sommes doués pour les conflits, moins pour les résoudre. La liberté existe-t-elle ? Le jugement s'évanouit-il avec le pardon ?

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le 18 sept. 2020

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Pauline S.

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