Sélection officielle en compétition au festival de Cannes !

Ryoata, un architecte ambitieux et obsédé par la réussite professionnelle, forme avec sa jeune épouse et leur fils de 6 ans une famille idéale. Soudainement, une nouvelle surgit. La maternité de l'hôpital où est né leur enfant leur apprend que deux nourrissons ont été échangés à la naissance. Keita, «son» fils, se révèle ne pas être le sien, son fils biologique vit avec «sa» famille dans un milieu plus modeste.


Déjà 12 films à son actif, Koreeda est un cinéaste confirmé. I wish nos vœux secrets de 2011 est presque «le frère jumeau» de celui-ci, les questions de la vie en société au Japon est le sujet privilégié.


Né en 1962 à Tokyo, Hirokazu Koreeda débute au sein de la compagnie TV Man Union dans les années 90. Il réalise de nombreux documentaires dont But... et Another Education.
En 1995, le cinéaste réalise son premier long métrage de fiction, Maborosi, qui reçoit le Prix Osella d'Or au Festival de Venise. Après la vie, Distance et Nobody knows en 2004 sont présentés en Compétition à Cannes. Nobody knows en particulier vaut à son jeune acteur de 14 ans le Prix d'interprétation.


De nombreux sujets abordés sont difficiles à adapter à l’écran : le divorce, la séparation des familles, la mort et la mémoire, le deuil. Ces thèmes l’ont au contraire renforcé encore plus dans son œuvre. Sa détermination lui vaut en 2004 le Prix d’interprétation masculine pour Yûya Yagira dans Nobody knows et en 2013 le Prix du jury et le Prix du jury œcuménique pour Tel père, tel fils. Depuis sa première récompense, il est connu du grand public. Le Festival de Cannes permet notamment aux français de découvrir les talents étrangers de demain.


Tel père, tel fils fait preuve de beaucoup de sensibilité et d’incompréhension. Nous sommes témoin dès le début de la famille très ordonnée, disciplinée de Keita, vivant dans un magnifique appartement, sans toutefois d'affection démonstrative. Le déroulement de l'intrigue nous emmène ensuite chez la famille Saiki où règne le bonheur mais aussi le désordre, l’agitation en permanence des enfants. Le cadre des deux familles est installé.


Une fois les enfants «échangés», tout se désagrège, les perspectives d'avenir de leurs progénitures sont remises en question. L’environnement, les habitudes et la routine sont chamboulés. Les questions sans réponse ne cessent de s’accumuler.


L’intégration se déroule difficilement. De son côté, Keita découvre un autre univers à l’ambiance plus chaleureuse, joyeuse et imprévisible. Les consignes sont «abolies» ou restreintes. Ryusei, lui, ne comprend pas la situation. Son insolence envers Ryota Nonomiya le caractérise dans son nouveau foyer. Malgré ces différences, ils vont apprendre à vivre d’une autre façon que la leur auparavant.


Le thème de la paternité est disséqué. Ryota, père de Keita, a lui-même proposé de les échanger. Sa décision ne l’affecte pas, ou du moins il le croit, jusqu’à ce qu’il se rend compte de son erreur et se révèle d’une fragilité ultime, mais préfère ne pas revenir en arrière. Avec Ryusei, il acquit petit à petit les compétences pour être un père comme il le devrait et l’affection qu’il n’a pas donnée suffisamment à Keita. Yudai prend la situation à la légère sans trop réfléchir et accepte Keita déjà comme un membre de sa famille. Il dirige avec fierté son épicerie et passe le reste de son temps à s’occuper de ses enfants. Ces dissemblances marquent parfaitement l’opposition de deux cultures.


Hirokazu Koreeda a su retranscrire la perception de son monde sans tabou. Le personnage de Keita est particulièrement touchant y compris son père, faisant preuve d’une grande sensibilité déchirante tout en retenue.

Pauline-Sapis
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films sur la famille

Créée

le 31 mai 2015

Critique lue 701 fois

21 j'aime

4 commentaires

Pauline S.

Écrit par

Critique lue 701 fois

21
4

D'autres avis sur Tel père, tel fils

Tel père, tel fils
Sergent_Pepper
7

Autorisation (trans)parentale.

Le cinéma asiatique semble avoir un don propre à sa culture, (que, je le confesse, je connais assez mal) qui consiste à dire beaucoup dans la pudeur. Dans un milieu où il n’est pas commun de formuler...

le 12 mai 2016

57 j'aime

6

Tel père, tel fils
Gothic
7

En-cas d'urgence, brisez la glace

13h35: quelques minutes seulement avant le début de la projection, PFloyd, Noménale et moi nous retrouvons devant le ciné. Je suis presqu'en retard, on dirait mon père. Ambiance légère, quelques...

le 20 janv. 2014

49 j'aime

24

Tel père, tel fils
Gand-Alf
8

L'échange.

Prix du jury à Cannes en 2013 et présenté dans de nombreux autres festivals, "Tel père, tel fils", le nouveau film du japonais Hirokazu Kore-Eda, raconte l'histoire de deux familles au statut social...

le 16 janv. 2015

45 j'aime

1

Du même critique

Showgirls
Pauline-Sapis
7

Show me your girls !

Une flamboyante jeune femme répondant au nom de Nomi Malone débarque sur les routes en destination de Las Vegas dans l'espoir de faire carrière en tant que danseuse. Au cours de son aventure, elle...

le 28 nov. 2016

42 j'aime

13

Dans ses yeux
Pauline-Sapis
9

Un film argentin égale les plus grands polars

En 1974 à Buenos Aires, Benjamin Esposito, agent fédéral, enquête sur le meurtre violent d'une jeune femme. 25 ans plus tard, il décide d'écrire un roman basé sur cette affaire classée en apparence,...

le 31 mai 2015

23 j'aime

5

Tel père, tel fils
Pauline-Sapis
9

Sélection officielle en compétition au festival de Cannes !

Ryoata, un architecte ambitieux et obsédé par la réussite professionnelle, forme avec sa jeune épouse et leur fils de 6 ans une famille idéale. Soudainement, une nouvelle surgit. La maternité de...

le 31 mai 2015

21 j'aime

4