Avions-nous encore sérieusement espéré quelque chose de Julien Maury et Alexandre Bustillo? Après le poussif (et inutilement gore?) "A l'intérieur" et le foutraque "Aux yeux des vivants", le duo choc récidive et persiste. Il faut se rendre à l'évidence, ce "Leatherface" est un échec de plus dans leur carrière. Mais un semi-échec. En même temps, avouez que vous vous en doutiez un peu quand même,non?


Une lueur d'espoir n'était pas à exclure, cependant, la bande-annonce laissait craindre que le pire était à venir. Crainte appuyée par la dernière entrevue du couple de réalisateurs dans le dernier numéro de Mad Movies (n*310) dans lequel ils nous faisaient part de différents soucis rencontrés sur le projet, et cette raison de craindre fatalement confirmée par le visionnage de cette bande.


Produite par Lionsgate, en partie par quelques réalisateurs de plusieurs séquelles des TCM, par Tobe Hooper lui-même et le réalisateur des deux derniers SAW, "Leatherface" est une préquelle centrée sur l'adolescence du tueur iconique à la tronçonneuse, et sur sa cavale après un dérapage sanglant survenu dans l'asile psychiatrique dans lequel il était soigné/détenu.


Dès la scène d'introduction, tout enthousiasme se dissipe, laissant place à une profonde rancœur: Plutôt gênante, cette dernière présente maladroitement les personnages, à coups de raccords approximatifs, de gore renvoyant à la non-moins glorieuse triste période des torture porn, le tout, emballé dans une ambiance faussement poisseuse. ça ne prend pas.


Passé cette introduction sommaire, la première partie du métrage dans l'asile véhicule tous les clichés possibles et inimaginables, sans aucune tension, tentant vaguement de provoquer le malaise chez le public avec des personnages tous plus barges et psychotiques les uns que les autres, un méchant docteur, une mère envahissante, un flic revanchard des expériences sur les patients,...en s'évertuant à créer un quelconque parallèle avec l'excellent "The devil's rejects", rejeton tardif illégimite des TCM et par ailleurs la meilleure suite spirituelle à la saga!


S'ensuit la seconde partie...étonnamment supérieure à la première. Dès la cavale de nos antagonistes, l'intrigue s'enlise dans un survival divertissant, avec quelques moments de bravoure, dont l'action monte crescendo, et dont elle renferme un twist bien amené, malgré la rupture provoquée avec la cohérence de la saga, si l'on peut bien entendu parler de cohérence, cela n'a jamais été son point fort.


Mais l'ennui suscité dans sa première demi-heure, son manque d'audace, d'ambition tranche avec un chapitre deux de bien meilleure envergure, et ce, à tout points. Dépossédé de leur métrage, il y a fort à parier et cela ne serait que cracher dans la soupe que de mettre cet échec sur le dos des réalisateurs, en tenant compte de leurs précédentes péloches pas franchement réussies mais qui sont toutefois parvenues à apporter un peu de fraicheur dans le cinéma de genre Français, faute de mieux. (Mais également de moyens, raison pour laquelle nos deux compères sont partis tourner chez Trump et pour laquelle ils ont accepté de participer à la réalisation dudit film. (ayant auparavant refusé de tourner les remakes d'Hellraiser et les griffes de la nuit,ainsi que délaissant leur Halloween II aux mains de l'autodidacte Rob Zombie, par obligation. (et à raison.))


Ce qui rend un minimum "Leatherface" intéressant, mais pas réussi pour autant, c'est que le duo s'est émancipé de la série B pour offrir une origin story à ce personnage iconique, et que mis à part une première partie ratée, le film ne peut être pas franchement qualifié de film d'horreur tant l'ambiance et l'intrigue s'éloignent des habituelles séquelles dépourvues de toute imprévisibilité. Mis à part ses dix dernières minutes, "Leatherface" est quasiment dépourvu de tout contenu purement "horrifique". Il s'agit de la "séquelle" (si l'on peut le qualifier de la sorte) la plus originale et la plus détachée de ce quoi l'on avait l'habitude d'assister dans cette saga.


Et,malencontreusement, tout ce que le film avait conçu dans sa seconde partie, toute ce qu'il avait mis en place pour ne sombrer dans la gratuité, tout ce qu'il avait eu l'intelligence de contourner, sont anéantis dans les dix dernières minutes, pour soumettre un pur instant de série B, facile et codifié, et donc plus que prévisible. Illusions perdues.


Initiée par le regretté Tobe Hooper, qui laissera de nombreuses traces et hommages, la saga "Massacre à la tronçonneuse" dévoile un énième -huitième, en fait-opus,rempli de bonnes intentions mais rempli également de contradictions. Survival movie potable, "Leatherface" constitue un divertissement correct, disposant d'un twist plutôt surprenant, mais plombé par des personnages à l'allure de coquilles vides, d'une iconisation louable mais pas étoffée, de poncifs du genre, de facilités dans sa conclusion et de faux raccords un poil trop nombreux. C'est surtout que, Maury et Bustillo oublient l'essentiel: contextualiser l'oeuvre originale, rendre son aura horrifique au Texas, qui était dans le film de Hooper un personnage à part entière et que ce qui rendait le tout effrayant et glauque, c'était les sons produits par la tronçonneuse, et non sa capacité à découper de la viande.
Plus plaisant à visionner qu'un "Cult of Chucky", nous regarderons ce "Leatherface" sans déplaisir mais avec toutefois un incontestable sentiment de déception,-Non sans réelle urprise-.


Le temps de pardonner à Maury et Bustillo que se point dores et déjà le très attendu Jeepers Creepers 3, par un réalisateur que certains n'ont jamais pu pardonner. Mais pour d'autres raisons cette fois-ci...

QuentinDubois
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le 9 oct. 2017

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Quentin Dubois

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