Leçons de ténèbres par SansEchafaudage
Combat de l’homme contre la nature… Pardon : Combat de l’homme contre ce qu’il a créé. Dans ce documentaire Herzog filme les puits de pétrole au Koweït et les hommes qui sont là pour les éteindre. Entrechoquement des éléments (ça m’a fait penser à Une journée d’Andrei Arsenevitch à propos du Miroir) : l’eau et le feu. Et la fumée qui brouille tout. On voit les paysages d’un hélicoptère et on est écrasé par tout cet espace. Je ne sais pas comment Herzog fait mais même en 16/9 on a l’impression d’avoir une vision extrêmement large. Les images sont assez hallucinantes, Herzog sait choisir son sujet. Après ces vues aériennes, déconnectées, on est mis de plain-pied dans l’action. On voit ces hommes s’activer devant le feu. Ils ont l’air minuscule, impuissants. Et pourtant ils semblent impassibles face à la fureur des éléments. Lentement et surement avec des détails, des petits tuyaux, ils vainquent le feu. A la vision panoramique des vues d’hélicoptère s’opposent ces plans larges, précis sur les actions de l’homme pour vaincre ce qui le dépasse. Avec ces 2 façons de filmer, Herzog capte la beauté de ce qu’il films.
Mais si l’homme a battu les éléments il n’a plus rien à faire. Le monde sans feu est moins vivant, moins beau. Donc l’homme provoque de nouveau le feu, il provoque de nouveau le chaos. Pour la beauté du geste, pour lutter contre l’Ennui (métaphysique). Cycle sans fin, Lektionnen ins Finsternis nous montre un regard Schopenauerien sur la condition humaine. Nous oscillons, entre la souffrance et l’ennui. Mais Herzog n’est pas pessimiste parce que malgré ça la vie est pleine de beautés. Ça vaut le coup de vivre. La fin m’a vraiment impressionné. Le film n’est pas que sur le Koweït, tout semble irréel comme si c’était un autre monde où les humains y déambulant seraient des extraterrestres. Ça rend le propos bien plus universel.
Quelques critiques tout de même au film, c’est trop court :snif: et le début ne va finalement pas bien avec le reste. Peut-être aussi qu’il n’y avait pas besoin de narration (même si elle est légére). Par contre la délimitation en chapitres est une très bonne idée.
Très bon film