Apologie du tueur à gage

Un film d'action qui tient pleinement ses promesses, formellement renversant et totalement efficace. On pardonne à Luc Besson certaines grosses invraisemblances ( à commencer par la temporalité du film, qui manque clairement d'unité ) tant l'écriture des personnages tient de la réussite la plus inattendue. Qu'il s'agisse de Léon le nettoyeur ( directement inspiré du Victor de Nikita, également réalisé par Besson ), de Mathilda, du terrifiant Stanfield ou encore du gros Tony les figures du film sont toutes brillamment développées par le réalisateur.

L'interprétation est magistrale, notamment Gary Oldman dans son rôle de ripoux incontrôlable : l'acteur livre une prestation impressionnante de crédibilité ; Jean Reno, quant à lui, trouve avec Léon un rôle emblématique et taillé sur mesure : taiseux, taciturne, Léon le héros solitaire est encore aujourd'hui instantanément associé à l'acteur français dans la mémoire collective. Ce brillant film d'action permet également de révéler la jeune Nathalie Portman, superbe en adolescente précoce et perturbée...

Léon représente également le chef d'oeuvre musical du compositeur fétiche de Besson : le talentueux Eric Serra, qui distille dans son oeuvre des influences orientales tout en privilégiant les percussions et les tonalités feutrées dès la séquence d'introduction. La photographie de Thierry Arbogast demeure elle aussi proprement séduisante à l'oeil, et le long métrage bessonien s'apparente véritablement à un festival d'images mémorables. La touche émotionnelle du film tient également sa place dans le dernier quart d'heure, malgré le caractère prévisible du dénouement. Le meilleur film de Luc Besson !