Quand un huis clos est emmerdé par les cathos

Bonjour à tous :)


4ème article, et ce n'est pas un mais DEUX films dont nous parlerons aujourd'hui. Etant donné que les thématiques polémiques de ces films sont similaires, et que le réalisateur est le même, je n'ai donc pas séparé les œuvres en deux analyses distinctes mais une seule commune.
C'est parti !


TITRE: "Django Unchained" & "Les 8 Salopards"
REAL: Quentin Tarantino
DATES: 16 Janvier 2013 & 6 Janvier 2016


Quand un réalisateur aussi foutraque s'empare du western...


Pourquoi ces films ? Résumons les faits: sur-présence d'hémoglobine, des armes, du racisme, de l'esclavage, encore du sang, des insultes, des "niggers", des flingues, des globules rouges (je me rerépépète)...


1) Racisme, marginalisation : quand le western met la population noire en avant


Non. Il n'y a pas de racisme dans mes propos.


On le sait, Tarantino est un grand provocateur. Son cinéma depuis "Reservoir Dogs" nous l'a toujours prouvé. Mais s'il est grandement apprécié par de nombreux fans à travers le monde pour son style épuré et trash, il aura forcément ses détracteurs (c'est toujours ce phénomène de Yin-Yang, puisque jugement il y a, de part et d'autre).


Forcément, quand il traite de l'esclavage et des séquelles historiques de cette période à travers les Etats-Unis, Tarantino n'y va pas de main morte. En découle alors une suppuration raciale chaudement balancée à la figure du spectateur que nous sommes tous. Et si l'on y voit un versant pour crédibiliser les récits et les rendre réalistes dans les contextes dans lesquels ils sont racontés, il se peut que l'on se prête au jeu du "De toute façon, ces deux films sont racistes. Ils mettent à l'écart les noirs et les abaissent au rang d'esclave ou alors de tueur sauvage sanguinaire en quête d'une proie".


Alors qu'est ce qui est raciste et qu'est ce qui ne l'est pas ? A vrai dire, que ce soit dans l'une ou l'autre des deux œuvres précédemment citées, Quentin Tarantino n'a pas écrit ses personnages de manières à ce qu'ils soient racistes juste pour le plaisir "d'emmerder" son monde (pardon pour l'expression). Comme il est dit, il y a avant tout un réel contexte historique et donc une manière de penser qui, à cette époque, nous est totalement répugnante aujourd'hui ! Pourquoi chercher plus loin les soucis ?
Si tant est que le mot "Nègre" est souvent dit, il est tout de même compréhensible que l'on puisse se sentir indigner: le cinéma transmet de multiples choses (émotionnellement parlant) et il est donc aussi normal que certains se sentent blessés de voir ainsi un terme, insulte à leur égard, devenir autant banalisé par le biais de long-métrages qui proviennent de la réflexion du même réalisateur. C'est un mot avec une connotation rabaissante et donc touchante (dans le sens péjoratif, blessant, du terme).
S'il apporte du réalisme à ses œuvres à travers ses choix, admissibles ou non, Tarantino n'est pas pour autant responsable de l'interprétation que peuvent faire les spectateurs de ses deux films, puisqu'il ne peut contrôler les sentiments de chacun au vue de son travail.


(Pour l'info, l'argument "Quentin il est copain avec Samuel donc il est pas raciste" est totalement ridicule [sisi, il existe de tels énergumènes]. N'oubliez pas qu'il a existé des noirs négriers [cf. Django et son voyage vers Candieland... Ou encore Spoof Movie, à vous de voir])


2) Sang et poudres: la chair et les armes font souffler un vent de contestation


Et encore une fois, la violence. Sommes-nous si sensibles que cela à la violence, quand on voit le succès de l'ami de Tarantino, Eli Roth, et sa filmographie ("Hostel" ou encore le récent "Green Inferno"), mais aussi de films comme "Saw", "Green Room" ou "A Serbian Film" ?


Tarantino a son style, et il se fait dans de l'hémoglobine bien giclante et "splashante" sur les parois des décors de ses long-métrages. On ne peut le lui retirer: un film de Tarantino sans sang, c'est comme un film de Guillermo Del Toro sans monstre: IM-POS-SIBLE !
Ses fans aiment ce style, pourquoi le changerait-il ? Il est jouissif, choquant, en deviendrait presque hilarant, mais il est apprécié.
Il faut y voir un tout autre problème, bien plus "national": si "Django Unchained" n'avait pas subi de polémique autour de sa violence rendant hommage au film de 1966 de Sergio Corbucci avec Franco Nero, "Les 8 Salopards" s'est vu chatouillé les aisselles scénaristiques par des associations puritaines qualifiant son "Interdiction aux moins de 12 ans avec avertissement inadmissible et inadaptée". Bon, là on voit le problème de certains groupes conservateurs cathos français (je ne citerais personne mais bordel, laissez-nous faire ce qu'on veut). Mais il est vrai que l'on peut être pris au dépourvu lors de la deuxième partie du huis-clos, hommage au "The Thing" de John Carpenter (et oui, petit rapprochement musical et le tour est joué... Génie ce Morricone [et pas moricaud, pas d'interprétation stupide svp]). Très brutale, cette seconde moitié de film baigne dans la violence gratuite, la haine humaine et l'état le plus sauvage de ce qui est censé être "l'animal le plus intelligent de la planète". Après tout, chacun se protège pour survivre, n'est-ce pas ?


D'admirable, c'est que Tarantino respecte son style en prenant conscience de la portée de ses films. De gênant, c'est une certaine incapacité de contrôle, sur cette portée, que peut observer un réalisateur sur l'interprétation de son oeuvre. Quentin Tarantino ne pourra jamais empêcher un jugement de son style si corrosif, que ce soit chez nous ou dans les sphères les plus brillantes du 7e Art. Et il n'en est pas le seul.


Et tout justement, les illustrations de ces marginalisations ressentis sur ses deux derniers films ne sont-elles pas, pour le réalisateur lui-même, un schéma d'une frustration de mise à l'écart par un classicisme hollywoodien formaté ?


Au final, tout n'est que goût et envie. On aime ou non, mais on ne peut juger d'un homme qui tente de rendre les choses les plus réalistes possibles (au sens historique du contexte abordé), lorsqu'il écrit un scénario et réalise un film, sans que celles-ci ne lui fasse autant de tort pour le détester que de raison de l'adorer :)

pop-ace
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le 11 janv. 2017

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pop-ace

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