Hôte d'un rituel oublié, Quentin Tarantino fait de sa huitième œuvre un jeu de patience sauce grand-huit où la pureté de la neige se voit (littéralement) éclaboussée de gerbes écarlates. Dès son premier plan-séquence christique, The Hateful Eight est une hémorragie de cinéma, déambulation de signes iconiques qui hantent encore l'Amérique aujourd'hui, glorieusement chatouillés par le cinéaste. Ce dernier a beau conserver ses influences aux confins du mystère et de l'horreur, tels les spectres hybrides de Rope et The Thing, il livre enfin l'esquisse d'une autonomie singulière, ignorant timidement son maniérisme "cool", réalisant le fantasme du soutien original de Morricone, une aube épurée de la maturité de son cinéma. Tout ça ne fait qu'exploser un peu plus fort ses quelques coups de folie grand-guignolesques, auberge rouge scintillante dans l'enfer blanc de riches joutes verbales. Tarantino ne cède malheureusement pas à tous ses tics, découpant toujours son histoire en chapitres, dispensables coups de hachoir qui anesthésient quelque peu le brûlant poison de son récit, long au démarrage mais définitivement happant. Porté par une grisante galerie de gueules, ménestrels de répliques au cordeau, The Hateful Eight est un pur moment de cinéma, imprévisible classicisme qui de son huit-coups n'épargne aucun salopard.


http://shawshank89.blogspot.fr/2016/01/critique-hateful-eight-les-huit.html

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le 8 janv. 2016

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MaximeMichaut

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