De mémoire de cinéphage, je n'ai pas connaissance d'un générique de film commençant par : *"le Xème film de..."


Dans une bande annonce, c'est assez courant pour les réalisateurs à forte personnalité (on se souvient des : John Carpenter's...) mais dans un film, non. Je n'ai jamais vu ça. "Quentin Tarantino" est manifestement ce genre de réalisateur.


La star c'est lui, "QT"


Au fil du temps, le nom du créateur est devenu, sans commune mesure, bien plus qu'un "nom" aux allures de produit marketing, mais un artiste à l’œuvre déjà complète, cohérente et homogène. (et ce, plus surprenant encore, avant même la fin de sa carrière).


Il n'y a pas beaucoup de réalisateur dont la totalité des métrages peuvent être cités par le cinéphile moyen. Même dans la filmo d'un Spielberg ou d'un Peter Jackson, les oublies sont souvent légions. Les huit films de Tarrantino, en revanche, le sont presque systématiquement.


Si ce n'était pas suffisant, QT ayant annoncé, avant ses 52 ans, qu'il ne réaliserait sans doute que 10 films dans sa carrière, chacun des projets du bonhomme jusqu'à cette hypothétique échéance, devient donc un événement en soit, avant même son sujet à proprement parlé.


Mais comment expliquer un tel amour ?


Quentin aime créer du neuf avec du vieux. Mais il le fait avec talent. Il va systématiquement piocher dans des vieux titres des années 60 pour composer ses BO, choisir des acteurs oubliés pour leur donner un nouveau souffle, un genre maltraité pour lui redonner ses lettres de noblesses. Bref il va toujours là où on ne l'attend pas et sa passion pour le cinéma "bis" et la musique transpirent à chacun de ses longs métrages...


...et c'est sans doute en partie pour cela que les cinéphiles l'aiment tant.


Et puis finalement, j'en oublierais presque... que donne donc ce fameux "Les 8 salopards" ?


J'évoquais John Carpenter en début de critique et ce n'est pas anodin. La structure rappelle évidemment celle de "The thing" : le huit clos, la tempête de neige, l’enquête en forme de "whodunit" et bien sûr Kurt Russell qui n'a jamais été aussi bon depuis... "Boulevard de la mort" justement.


L'intégralité du casting est impressionnant de crédibilité et de charisme (mention spéciale à Bob le mexicain). "Ennio Morricone" nous montre qu'il en a encore sous le coude en composant un thème principal magnifique et emballant. Le cœur du récit, dans ce fameux chalet, en forme de pièce de théâtre (QT vient d'ailleurs d'annoncer son projet de porter son histoire en pièce justement) laisse la part belle à des dialogues incroyables comme à son habitude. La violence crue et brutale vient relever un suspense maitrisé de bout en bout. Le tout, saupoudré de poésie et d'humour toujours adaptés.


Le seul petit bémol restera sa durée. Quentin est un petit peu trop groumand depuis qu'il est entré dans sa phase oscarisable. 2h45 est-ce bien raisonnable ? L'introduction avant le chalet, bien qu’excellente et ô combien importante pour installer l'ambiance, aurait mérité d'être plus concise. Mais ceci n'est pas bien grave au regard des incroyables qualités du "8ème film de Quentin Tarrantino"...


A quand le 9ème ?

Antoine Verrier

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4

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