Enième très bon western d'Anthony Mann, dans la lignée de The naked Spur par exemple, même si je préfère les démons intérieurs de ce dernier. Ce Bend of the river offre encore une confrontation tourmentée, entre deux visions de la vie, entre deux bad guys. Mann parvient à construire un récit haletant, via une tension crescendo encore une fois, formalisant la lutte du bien et du mal tout en manipulant les personnages et les spectateurs, tant les caractères sont flous, ambigus, variables, assez mystérieux en somme pour semer le trouble entre ce bien et ce mal. Et c'est là toute la morale du film, un criminel a-t-il la possibilité de changer dans le regard de la société? Un homme mauvais peut-il devenir bon, être reconnu comme tel. Bref, le pardon existe-t-il? Le couple Stewart/Kennedy est particulièrement efficace pour relever cette incertitude qui tenaille l'intrigue.

Je note avec circonspection que le décor naturel (qui joue un rôle si important dans les autres westerns du maître) ne semble pas être ici considéré comme un personnage à part entière. La nature semble tout aussi indécise. Néanmoins la réalisation est toujours d'aussi haute tenue, le technicolor de Warner est magnifique et certaines scènes de nuit sont particulièrement léchées. Du bon et beau spectacle.
Alligator
8
Écrit par

Créée

le 16 févr. 2013

Critique lue 380 fois

4 j'aime

Alligator

Écrit par

Critique lue 380 fois

4

D'autres avis sur Les Affameurs

Les Affameurs
Torpenn
8

Le syndrome du colon irritable

Difficile de se reconvertir quand on a été un des tristement célèbres pilleurs du Missouri dans une jeunesse par trop dissolue... James Stewart essaie de se faire guide pour colons et commence à y...

le 3 mai 2012

37 j'aime

8

Les Affameurs
Docteur_Jivago
8

L'évolution du Monde

En cette période trouble et prospère de ruée vers l'or, les Hommes peuvent changer, le passé peut resurgir et les confiances se perdent, doucement mais surement ... Avec Les Affameurs, Anthony Mann...

le 2 sept. 2020

27 j'aime

3

Les Affameurs
Ugly
9

Nature et passions brutales

C'est l'un des 5 westerns dirigés par Anthony Mann dont James Stewart fut la vedette, et c'est probablement ce que le genre a donné de plus parfait et de plus pur. Comme John Ford, Mann apporta une...

Par

le 11 avr. 2017

26 j'aime

4

Du même critique

The Handmaid's Tale : La Servante écarlate
Alligator
5

Critique de The Handmaid's Tale : La Servante écarlate par Alligator

Très excité par le sujet et intrigué par le succès aux Emmy Awards, j’avais hâte de découvrir cette série. Malheureusement, je suis très déçu par la mise en scène et par la scénarisation. Assez...

le 22 nov. 2017

54 j'aime

16

Holy Motors
Alligator
3

Critique de Holy Motors par Alligator

août 2012: "Holly motors fuck!", ai-je envie de dire en sortant de la salle. Curieux : quand j'en suis sorti j'ai trouvé la rue dans la pénombre, sans un seul lampadaire réconfortant, un peu comme...

le 20 avr. 2013

53 j'aime

16

Sharp Objects
Alligator
9

Critique de Sharp Objects par Alligator

En règle générale, les œuvres se nourrissant ou bâtissant toute leur démonstration sur le pathos, l’enlisement, la plainte gémissante des protagonistes me les brisent menues. Il faut un sacré talent...

le 4 sept. 2018

50 j'aime