Les Amants du Texas par Christine Deschamps

A en croire ce film, le Texas, c'est drôlement beau et les gens y parlent vraiment très peu. Mais ils s'y tirent pas mal dessus. Un peu une image d'Epinal du Far West, quoi... ça pourrait rebuter, mais voilà une histoire crépusculaire et lente qui prend le temps de déployer ses chapitres comme on déballe un livre ancien conservé dans du papier de soie : avec d'infinies précautions. Et finalement, toute cette délicatesse finit par vous gagner à sa cause, même si, a priori, les protagonistes n'avaient pas toutes les cartes en main pour susciter votre empathie... OK, ils s'aiment, ça leur fait un point commun avec un certain petit couple de Shakespeare. Mais ils sont une fâcheuse tendance à se procurer de l'argent sans passer par la case boulot... On dirait qu'ils ne réfléchissent pas énormément, à vrai dire. Alors, quand tout tourne au désastre, on est tenté de se dire qu'ils l'ont un peu cherché, même si c'est assez peu charitable. Et c'est précisément là que ça devient intéressant, une sorte de valse lente entre rédemption et entêtement, sans qu'on sache très bien lequel des deux protagonistes se livre auquel de ces extrêmes qui pourraient sembler simplistes, mais non. Leurs lettres ne disent rien de leurs intentions, pas plus que leurs paroles ne renseignent beaucoup sur leur ressenti. Je n'ai pourtant pas cité Shakespeare pour rien, car l'implacable machination du destin est désormais à l’œuvre, alors que tout a démarré avec la suavité d'un accident de la route. Et nos deux âmes se polissent dans le creuset de tout ce foin qu'ils ont incendié. Et ça finit par être très beau, bien plus beau que leur romance échevelée du début, à la Bonnie and Clyde. Une bonne surprise, donc, portée par une petite musique country de bon aloi, une lumière toujours surprenante, des comédiens sur mesure et un scénario qui sort du bois au bon moment.