« Une torche dans le cul ! »

De mémoire, le dernier bon film de Jean-Marie Poiré c'était Les Visiteurs, un film frais, original, déjanté et surtout travaillé. Un film avec un scénario, des acteurs au top et des effets spéciaux de qualité. Trois ans plus tard, Poiré commençait sa dure descente aux enfers, endroit qu'il n'a depuis jamais quitté. En 1995 sort donc Les Anges Gardiens, son dernier film "potable" où un prêtre catho de chez catho va devoir s'allier à un patron de cabaret pour sauver un gamin des Triades. Mais les anges gardiens de nos héros vont constamment intervenir et pour corser la chose, celui du prêtre est un démon lubrique et celui de l'ex-militaire est un saint cul-cul la praline...

Un tel scénario ne pouvait qu'être français, bien que Poiré s'ose des scènes d'action à la John Woo aussi courtes que réussies, dynamisant quelque peu sa comédie fantastique censément délirante. Adeptes du buddy movie depuis des lustres, Clavier et Depardieu n'avaient pourtant jamais encore collaboré ensemble. Chose réparée grâce à une alchimie convaincante surtout due aux frasques d'un Depardieu toujours aussi à l'aise quand il s'agit de péter les plombs et de gueuler haut et fort. Bref, on rit pas mal face à leurs personnalités opposées et c'est bien là que Poiré réussit le mieux.

Après, le film ne vole malheureusement pas très haut, surtout lors des apparitions plutôt manquées des fameux anges, les deux acteurs n'arrivant dès lors qu'à se ridiculiser : Depardieu est d'un ringard par possible avec son sourire niais et sa coiffe à bouclettes tandis que Clavier arrive à peine à nous faire esquisser un sourire avec sa nuque longue et son langage grossier (inhabituel pour le dandy français). Effets spéciaux plus ou moins réussis, dialogues peu folichons et seconds rôles consternants peuplent donc cette comédie bas de gamme qui s'avère néanmoins assez divertissante dans l'ensemble. Toutefois, on a connu mieux de la part de Jean-Marie Poiré qui va finalement se laisser porter par la facilité durant le reste de sa filmographie.