I wonder... what makes Albus Dumbledore so fond of you, Mr. Scamander?

Malgré les années qui passent, l’univers de Harry Potter aura toujours un saveur un peu particulière pour moi. Parce qu’il constitue une part importante de mon adolescence et qu’il m’a fait découvrir tout un tas de choses. Ne lui ayant jamais dit définitivement au revoir, c’est donc avec curiosité que j’ai attendu cette nouvelle escapade, cette fois-ci chapeautée par Rowling en personne. La première conclusion qu’on pourra en tirer, c’est que c’est avec un grand plaisir que je me suis replongé dans cet univers, et que cela s’est avéré très sympa.


L’histoire tout d’abord prenait pas mal de paris risqués, tranchant complètement avec ce que les HP nous avaient habitués jusqu’à présent. On suit des adultes, l’histoire s’étale sur une relative courte période de temps, on quitte les montagnes d’Écosse pour les rues de New-York. Et surtout, cette fois-ci, il n’y a plus une œuvre de base sur laquelle se reposer et éventuellement se rapporter en cas de trou scénaristique. Et l’un des premiers enseignements de ce film, c’est qu’il réussit ses paris !


Tout d’abord, le changement de décors apporte une toute nouvelle dimension à l’histoire. Jusqu’à présent, le Secret Magique était quelque chose de vaguement obscur là simplement pour éviter Harry d’en faire usage chez les Dursley. Mise à part quelques moments, on n’en avait pas d’application concrète. Là, l’immense partie du film repose sur ce concept, accentué encore d’avantage par le décalage de politique entre le britannique Newt (qui ne s’en soucie pas plus que ça) et les Américains (qui en ont une véritable peur paranoïaque, cf l’horloge du MACUSA). Le choix de placer l’intrigue dans une des plus grandes villes Moldues prend donc ici tout son sens, et n’est pas seulement un artifice.


Après, comme je l’ai dit, on débarque comme Newt dans ce pays outre-Atlantique, et on découvre peu à peu que s’ils partagent le fait d’être sorcier, les deux cultures sont complètement différentes. On retrouve bien sûr quelques codes ici et là (les Aurors assurent la sécurité, les elfes de maison sont réduit à l’esclavage, les infrastructures sont dissimulées dans le monde Moldu) ; mais c’est là que Rowling fait parler son imagination en créant tout un pan de ce monde (développant également certains points à peine mentionnés dans les livres) et développant ainsi certains concepts extrêmement intéressants. Le tout restant toujours dans cette optique de dénoncer certains aspects de notre propre société


(américaine ici, la peine de mort étant à peine voilée)


.


Le deuxième point concerne les personnages. Une nouvelle fois, Rowling s’en sort à merveille en franchissant le cap sans problème. Bien sûr, on retrouvera les codes des personnages rowlingiens, avec des motivations très semblables. Cependant, on s’y retrouve assez facilement et on s’identifie assez rapidement à tous ces nouveaux personnages. Certains seront plus développés ou intéressants que d’autres, mais Rowling pose des connexions avec l’univers qu’on connait bien et lance des pistes pour des développements futurs. Et l’aventure dans laquelle se retrouvent embarqués ses personnages fonctionnera à merveille. Alors certes, certaines connexions seront un peu trop rapides ou précipitées ; mais globalement, le fait de faire tenir le récit sur quelques jours le rend plus dynamique.


Si l’intrigue réussit donc ses paris, elle ne sera cependant pas exempte de défauts. Alors qu’elle développe des concepts hyper-intéressant


(le fonctionnement du MACUSA, la sentence pour les criminels, toutes les différentes créatures, la menace invisible et pourtant bien présente même outre-Atlantique de Grindelwald (enfin un Mage-noir qui fait autre chose qu’Avada kedavriser ces propres troupes), et bien sûr l’obscurus dont je suis fan pour ce qu’il implique)


, d’autres seront un peu mis de côté. Les créatures notamment : alors qu’on a droit à un véritable bestiaire nous en mettant plein les mirettes, j’ai toujours du mal à voir le lien entre elles et l’intrigue centrale, mis à part une coïncidence majeure. C’est dommage, parce que cela donnera cet aspect que l’histoire se déroule sur deux fils rouges différents et que le hasard les fera rejoindre à la fin.


Il y a également l’intrigue autour des Fidèles de Salem qui a éveillé ma curiosité sans toutefois l’assouvir, laissant pas mal de zones d’ombres (on se doute de l’origine vu le nom, mais pourquoi le MACUSA ne fait pratiquement rien ? quelle est leur véritable étendu ?). Et il y a aussi la conclusion.


Alors certes, Rowling fait preuve là du plus parfait exemple du fusil de Tchekhov ; mais cette intervention de l’oiseau-tonnerre (même si la créature est juste géniale et magnifique) fait presque paraître ridicule un deus ex-machina.


C’est vraiment dommage, on sent que Rowling a été ici pressée de conclure sans apporter de raisons supplémentaires comme pourrait le permettre un roman. Le reste du final souffrira également d’un problème de longueur interminable (la seule du film en fait), comme si là aussi, Rowling ne savait pas trop comment conclure tout en préparant la suite.
Au final, une intrigue qui réussit ses paris, développe des concepts vraiment très chouettes, mais aura du mal à se conclure. Le film peut se suffire à lui-même (ce qui est assez rare dans le contexte des films à franchise de nos jours), mais son final est clairement son gros point faible.


Sur le casting, il est globalement bon. Globalement surpris par Colin Farell qui apporte une touche particulière et assez unique à la saga, avec un personnage intéressant mais dont la révélation finale sera prévisible et soulèvera plus de questions que n’apportera de réponse


(soit Grindelwald est au MACUSA depuis des années, pour que Graves soit aussi connu et respecté ; soit Graves a été capturé et tué, mais alors ça ne semble pas inquiété le MACUSA plus que ça quand il découvre la vérité).


Idem pour la petite apparition sans conséquence de Jon Voight, mais c’était sympa de le voir dans un rôle secondaire qui lui convient bien. J’ai beaucoup aimé Carmen Ejogo dans le rôle de Présidente du MACUSA, où on sent vraiment les responsabilités de son personnage.


Samantha Morton fait aussi quelque chose d’intéressant, même si son personnage est sous-exploité à mon avis. Ezra Miller aura un rôle prévisible mais avec lequel il s’en sort plutôt bien. Il interprète vraiment bien ce côté isolé et mystérieux du personnage. Gros coup de cœur pour Dan Fogler qui m’a fait exploser de rire à chaque gag ou presque (en plus d’être le premier personnage Moldu vraiment exploité dans une intrigue). J’ai Katherine Waterson et Alison Sudol plutôt performantes dans l’ensemble, même si pour le coup je n’ai pas été très fan de leurs rôles (à voir comment ça va évoluer par la suite). En revanche, Eddie Redmayne est tout simplement parfait en Newt. Il interprète à merveille ce personnage un peu déconnecté du genre humain, timide, intelligent et qui adore ses créatures. Son évolution au cours de l’intrigue, où il commence enfin à s’attacher à ses semblables, est également bien marquée. Et puis, je suis fan de la démarche qu’il lui a donné.


Si l’intrigue et les personnages nous renvoient dans l’univers HP, c’est bien sûr l’aspect technique qui nous y replonge avec grand plaisir. James Newton Howard prend donc la succession à la musique, composant une partition très intéressante. On retrouvera bien sûr le thème fondateur à quelques moments clés ici et là, une mélodie qui s’incorpore plutôt bien dans l’univers musicale déjà créer jusqu’à présent ; mais en même temps, Howard réussira à proposer une BO très distinguable des autres, avec notamment une ambiance très années folles par certains thèmes. Un petit régal.
Stuart Craig retourne aux décors, et comme à chaque fois cela s’avère être LE gros point fort du film. Le défi cette fois-ci résidait à construire intégralement un nouvel univers visuel qui devait pourtant s’inscrire dans l’univers HP. Et Craig le réussit à merveille. On aura tout d’abord ces décors Moldus qui nous plongeront dans le New-York des années 20, donnant à la ville la place de personnage à part entière ; mais on aura également ces fabuleux décors du MACUSA. J’ai littéralement bavé lors de la scène qui nous y introduit la première fois. Fabuleux, tout simplement. On retrouvera également des codes visuels et sonores, que ce soit avec les accessoires ou bien l’aspect global des décors sorciers, même si on sent la touche américaine (génial je vous dis).


Les effets spéciaux seront là aussi de très bonne facture, que ce soit dans la modélisation des créatures (très réalistes et avec des design vraiment superbes), ou bien dans les scènes d’action. Il n’y aura pas vraiment de too numeric, même si à certains passages, ça se ressent avec les créatures (ou plus exactement, les animaux réels… peut-être que le fait justement d’être des créatures magiques permet au numérique de nous paraître plus réaliste qu’avec de véritable animaux, même s’ils sont très bien modélisés).


Au niveau de la mise en scène, on retrouve David Yates. Je n’ai jamais été un grand fan de son travail, mais il faut reconnaître qu’ici, il livre quelque chose qui dénote assez avec les autres blockbusters. Le montage est plus fluide, et on sent que cette fois-ci, Yates s’est senti complètement libéré pour faire ce qu’il voulait. Peut-être aussi le fait que Rowling soit directement au scénario y a contribué. On retrouvera donc une mise en scène très proche des précédents films, notamment avec cette photographie très désaturée (ce ton gris), et la façon que Yates a de filmer. Cependant, à l’image des deux derniers HP, on retrouvera certains plans et scènes très intéressants, notamment dans la façon de fluidifier l’action


(je pense notamment à celle où l’obscurus échappe à Graves la première fois, déboule dans les rues de New-York puis on arrive sur Newt).


Les Animaux Fantastiques est donc une bonne petite surprise. Le fait que l’intrigue soit complètement libérée de la contrainte adaptative lui permet de prendre plus de liberté et d’être plus fonctionnelle pour le film lui-même, bien que cela s’accompagne de quelques faiblesses. Le casting est globalement bon, et l’aspect technique nous ravira. Cette introduction pose des bases intéressantes pour la suite, et il ne fait aucun doute que je l’attends déjà avec impatience. Vivement 2018 !

vive_le_ciné
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le 20 nov. 2016

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