Sur le point de prendre ses vacances de Noël, un juge d'instruction est sommé d'enquêter sur la mort mystérieuse d'un homme, qui aurait été tabassé par des policiers lors d'un interrogatoire.
Pour l'un des derniers films de Marcel Carné, qui s'inscrit parfaitement dans le cinéma français post-68 alors en plein doute sur ses institutions, il est porté par un excellent Jacques Brel, lequel reste, à une scène près que je parlerais plus loin, d'une grande sobriété.
Il est lui aussi dans le doute, car soit les témoins ne veulent pas parler, de craintes de représailles, ou la police ne se montre guère coopérative ; il sait aussi qu'en s'attaquant à l'Ordre, c'est risquer une remise en cause. Tout cela est très bien montré dans le film, avec le Commissaire joué par Michel Lonsdale.
Outre ce dernier, on retrouve Catherine Rouvel et l'excellent Charles Denner en avocat de la partie adverse, ce qui donne lieu à de belles tirades entre lui et Jacques Brel.
Je regrette juste toute la partie entre ce dernier et son fils, qui n'est vraiment prétexte qu'à un seul geste policier, ainsi que la scène où Brel, aviné, se met à hurler de nuit au commissariat, en faisant geste de tirer à la mitrailleuse ; ça sent le cabotinage forcé.
Mais à part ça, c'est un très bon film, plus engagé qu'il n'y parait, et qui est dans la droite lignée de ce que faisait André Cayatte ou Yves Boisset à cette époque ; déboulonner les institutions.