C’est suite à une critique sur Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin que j’ai découvert Les Aventures de Buckaroo Banzaï à travers la 8e dimension, dont il partage le scénariste. Le film a mis plus de 10 ou 15 ans à se faire et reflète la contre-culture des années 70, soit une liberté créative totale et un certain refus des schémas narratifs traditionnels. Le film est à la fois très créatif mais également très sincère, ce qui le classe dans la catégorie des nanars cultes, réalisé avec sérieux et avec une certaine cohérence à l’intérieur de son univers déjanté et foutraque. Tourné avec un budget limité, certaines scènes ne sont pas incroyables, notamment les scènes d’actions parfois ridicules, et les effets spéciaux oscille entre le correct et le grotesque. Mais ces failles techniques sont compensés à mes yeux par l’enthousiasme omniprésent dans le film.


Le maitre-mot de Buckaroo Banzaï a plutôt l’air d’être « pourquoi pas ? ». Dans les 5-10 premières minutes, le réalisateur pose les bases de son film, comme pour annoncer à la couleur et prévenir le spectateur, si vous n’acceptez pas ce postulat de base, arrêtez le film. Mais si vous acceptez le postulat, calez vous dans votre fauteuil et c’est parti ! Buckaroo est donc un sino-japonais d’une trentaine d’année, neurochirurgien, scientifique de renom, pilote de jet-car, rock-star entouré d’une bande de semi-héros dandy nommée les Cavaliers de Hong-Kong. Au cours d’un test de voiture, il va traverser la 8ème dimension et déclencher une série d’événements. et oui, tout ça en 5-10 minutes. Par la suite, il est difficile d’expliquer le film, qui va de rebondissements en rebondissements, n’expose clairement ses enjeux qu’au bout d’une heure, et va s’enfoncer de plus en plus dans le loufoque. Au passage W.D Richter rend également hommage à Orson Welles et à son propre « hold-up créatif » avec le détournement de son vrai canular radiophonique en élément cohérent dans sa fiction. Cet exemple parmi tant d’autres montre le soin et la minutie apportés au film, soulignant ainsi que sa bizarrerie est voulu et pleinement assumée, et non pas le résultat de manques ou d’ignorances.


Pour déterminer si les producteurs s’intéressaient encore au projet, les scénaristes ont intégré la scène de la pastèque. Ne recevant aucun commentaire le lendemain du rendu des rushes, ils en ont conclu qu’ils avaient le champ libre pour le reste du tournage. Le film va donc à fond dans son délire, les acteurs y croient et leur jeu et surjeu s’intègrent parfaitement dans l’émulation globale du film. Ce qui m’a fait plaisir dans ce film et m’a touchée c’est l’évidente bonne humeur de cet ovni cinématographique.


Et si Buckaroo Banzaï n’est pas forcément très connu aujourd’hui, il a clairement influencé de nombreux créateurs, et est cité par de nombreuses productions télévisées ou cinématographiques, de Star Trek à Ready Player One, en passant par Doctor Who, La Vie aquatique et bien d’autres. Ce délire à la fois perché et accessible est incroyable à regarder, pour peu que vous acceptiez de surprendre grandement votre crédulité.

AlicePerron1
7
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le 14 juil. 2020

Critique lue 71 fois

Alice Perron

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