Tin-Tintin Tiiin Tin-Tintiiin

— Putain le nouveau terrain !

— Quid ?

— Euh je veux dire : Purée le nouveau Tintin !

— Ah oui ! Ça donne quoi alors ? On retrouve bien l'esprit de la BD ou pas ? Parce qu'attention, sur Tintin il y a de l'attente !

— Ah mais carrément mec. Tout y est. Spielberg a vraiment bien retranscrit l'ambiance des BD. Ce mélange de mystère, d'action, le jeune héros boy-scout, la ligne claire, tout le bordel...

— Cool. Et au niveau humour, ça respecte l'esprit de la série ?

— Oh que oui ! Les bonnes vieilles blagues à base de rots et de pets, qui faisaient tout le piment des albums d'Hergé, sont au rendez-vous. Le fait que l'alcool ait sur Haddock le même effet que la potion magique de Panoramix n'a pas du tout été omis du film. Les blagues sur le tiers-monde (terme qu'Hergé utilisait déjà huit ans avant son apparition officielle, faut le faire !), sont aussi au rendez-vous. Les références à la zoophilie, à la mutilation... Non c'est vraiment nickel de ce côté-là.

— Tu me rassures. Et les personnages, ils sont fidèles à eux-mêmes ?

— Bien sûr. On a la classique scène de Tintin qui déprime, qui renonce, qui lâche l'affaire, avec Haddock qui lui remonte le moral en mode violons. Tintin reste un reporter avide de scoop et un rien cupide. Haddock subit toujours la fameuse malédiction surnaturelle jetée par Rackham sur sa famille.

— Mais ça innove quand même par rapport à la BD ou bien ?

— Oui oui ! Par exemple Spielberg s'encombre pas de scènes d'expositions bizarres. Tu te souviens comment Tintin achetait la Licorne pour l'offrir au capitaine ? Bon ben là c'est plus simple : il l'achète pour lui. Point barre. Du coup c'est bien : ça pose directement la personnalité du bonhomme. Non et puis il a updaté le truc : toute la recherche du trésor sur l'île est habilement remplacée par un tour de montagnes russes dans l'Orient des Aventuriers de l'Arche perdue. Du coup exit le professeur Tournesol, de toute façon personne ne l'aime lui.
Ah ouais et puis tu sais le trésor à la fin de Rackham le Rouge ?

— Yo ? Eh ben quoi ?

— Ben il était un peu ridicule non ? Aujourd'hui les djeun's ils touchent ça en une semaine d'argent de poche alors bon. Du coup pour faire moins cheap, ils ont dit qu'en fait c'était qu'une portion d'un trésor à peu près quarante fois plus volumineux. En gros il est équivalent au PIB français de l'époque, mais au moins ça fait ballz.

— Et du coup il est où le reste du trésor ?

— Ben sur l'île tiens !

— Eh ? Mais je croyais que tu avais dit que...

— T'inquiète chaussette. La recherche du reste du trésor c'est pour le prochain film. Pasque tu comprends Haddock et Tintin ils sont ultra cupides, et comme Haddock connait par cœur la carte du monde jusqu'à la moindre petite île (et qu'il est le seul sur Terre), ils ont plus qu'à aller cueillir le jackpot.

— Comme dans la BD alors ?

— Comme dans la BD.

— Et au niveau esthétique ?

— Alors là parfait. Tintin est fidèle à lui-même avec ses grand yeux bleus de cocker, Haddock arbore fièrement son sempiternel nez de cochon (et son inoubliable accent écossais). Et puis au niveau du style, ça reproduit parfaitement la ligne claire avec ses nuances, ses clairs-obscurs, ses ambiances tamisées, son foutoir mordoré... Non vraiment, chapeau Steven.

— Donc pour conclure, ça vaut le coup que je le regarde ?

— Carrément, gros ! Par contre fais gaffe, le film s'est quand même planté sur un point : il est un peu trop rythmé, un peu trop divertissant... Limite si on connait pas Tintin on pourrait croire que Spielberg a presque fait un film d'aventure correc', qui se tient, qui renverrait beaucoup à ses Indiana Jones. Un truc avec des voyages, de l'exotisme, du mystère, des péripéties, de l'action. Un truc léger mais divertissant. Bref un film qui se laisse voir quoi.

— Ah oui c'est gênant ça. Merci de m'avoir prévenu.

— De rien gros. Maintenant ça te dit on se mate Lucky Luke ?

— Lequel ? Terence Hill ou Jean Dujardin ?

— Entre les deux mon cœur balance...