Les Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec par Rat
Nous étions mercredi dernier à la séance spéciale Place Clichy. Luc Besson était venu gentiment éructer trois banalités, présenter sa femme magnifique mais atone, ainsi que son actrice du moment, Louise Bourgoin. Besson a fait fort dans l’insipide, à se demander pourquoi il était là. Bourgoin, elle, fut gentiment pathétique. Energie puérile en avant, elle nous a sorti le couplet féministe éculé depuis Simone de Beauvoir et sa serviette sur la tête, à savoir qu’Adèle Blanc-sec représentait la femme “moderne”, libérée du carcan obligatoire de l’image de la “séductrice”, apte elle-aussi à l’aventure et à la cigarette vissée aux lèvres. Personne n’a songé à la contrarier. Encore moins à lui opposer l’argumentation de la connaissance de la véritable condition féminine à travers le temps, qui est tout autre que ce que le laminoir réducteur de l’historiographie moderne laisse à entrevoir. Mais bon, nous n’avions qu’à tendre la main pour prendre le micro qu’elle tendait et mettre la midinette dans un embarras salvateur, mais nous ne le ne le fîmes pas. Après tout le véritable pouvoir n’est-il pas de ne pas faire ce que l’on pourrait faire? Elle avait l’haleine fétide du prédateur sur sa belle nuque et n’en sut donc rien. C’est d’ailleurs Besson qui blêmit quelques secondes plus tard quand il entendit sa protégée lancer aux futurs spectateurs de son film que le ptérodactyle, élément principal du film, n’existait pas. Il lui arracha le micro pour tenter une récupération désespérée mais le mal était fait: nous allions tous regarder le monstre volant avec un mortel recul... celui-ci deviendrait lui-même la proie de notre désenchantement. Bref, présentation gentillette et inutile, mais si parisiennement sympa... Quant au film, nous l’avons abordé avec une bonne dose de crédit, nous persuadant que la bande-annonce ,au contraire de ses concurrentes américaines, ne nous avait que distillé quelques détails et ne constituait pas un condensé du film dans son entier...nous eûmes tort. Allez disons-le: nous nous ennuyâmes ferme et nous fûmes même embarrassés à maints endroits. Une adaptation cinématographique d’une bande dessinée n’est plus une bande dessinée. Il faut l’admettre. Et la dimension requise pour qu’un film ait du souffle, du rythme, à l’image du “Cinquième élément”, par exemple, est d’un ordre tout autre que celle qui a présidé à la conception d’Adèle Blanc-sec. Tout ici est mou, long, récurrent, et ... lourd. Comme toujours, c’est la réaction de la salle qui nous atterre le plus: rires à des moments de platitude intense, mouvements de surprise aux plus téléphonés des événements... Un produit de ce type est à l’aune de son public: lapalissade tristounette mais aussi amer constat de l’état des âmes... Adèle donc: les répliques sont quelconques, les jeux de mots sont affligeants, le casting, dont on sent pourtant l’honnête spontanéité, gâché par une absence de densité des rôles... Almaric est invisible, Rouve cachetonne péniblement, Lellouche est à l’image de son goitre: forcé et finalement fade dans sa guignolesque outrance. Nous aurions encore à dire mais est-ce nécessaire? Allez, un frisson quand même, lors de la courte intro égyptienne, quand la perspective chamelière épouse la ligne des dunes sur une musique qui commence à transporter... mais plus dure ensuite est la longue descente... Luc, une année au désert, hors du monde de la quantité, serait pour ta créativité une excellente thérapie...à moins que tu ne sois auto- satisfait? Alors là....