Ces quelques mots seront marqués sous le sceau d'une phrase primordiale : J'aimerais qu'on m'explique.
Il est des instants, tantôt grandioses, tantôt méprisables durant lesquels je me sens tel un spectre d'étonnement. Je n'ai plus de consistance, pas plus de conscience, je ne suis que le reflet du sentiment d'étonnement. Ce dernier probablement provoqué par une réaction ou une réception collective à laquelle je suis extérieure. L'univers entier réagit, moi pas. Je suis littéralement en dehors du monde. Bref, tout ce charabia pour dire que Rois et reine fait partie intégrante de ces quelques films qui me font cet effet. Cet effacement du moi qui prouve qu'aucune interprétation personnelle n'est possible et que de ma bouche (ou plutôt de mon clavier d'ordinateur) ne va sortir que l'objectivité la plus totale. Et ce, malgré le fait que ce que je dis soit à l'inverse du monde entier. Quelle prétention me direz vous... Mais pas du tout. Simple constatation, simple incompréhension. Je ne comprends pas. Je ne comprends pas comment il est possible, d'aimer ou simplement d'être touché par ça. Par ce film aux éléments objectivement ratés et au mauvais goût certain.

Quoi, Desplechin ? Oui, j'aimerais qu'on m'explique. L'engouement pour cet homme. Révolution du cinéma français ? Quelle révolution ? La révolution laideur ? Je ne pense pas que ça ait été ce dont notre cinéma avait le plus besoin.

Parlons donc technique et esthétique. Un montage littéralement atroce (pire que Poiré dans sa coupe sécheresse), des plans de deux secondes et demi (pauvres, pauvres acteurs) aux flôts de tressautements, coupés à la hache pour revenir deux secondes et demi après au plan suivant. Parti pris ? On nous brûle les yeux et nous brouille le cerveau. Non merci.

Mouvements de caméra nauséeux, ça tangue, ça virevolte ou ça stagne, le tout sans virtuosité. Déconseillé à ceux qui ont le mal des transports. Changements de lumières d'un plan à l'autre dans une même scène. Photographie tout simplement hideuse, mauvais téléfilm dont on aurait sali la pellicule.

Le propos ? Développés autrement, le parallèle et la fabrication scénaristique faussement alambiqué auraient pu être intéressants. Mais ce sentimentalisme étalé par paquet au travers de personnages inintéressants, médiocres et au delà de tout agacement... C'est un non.

Faut-il aborder le jeu d'acteur ? D'une grossièreté et d'une niaiserie aussi digne d’intérêt que la plus petite miette de pain qu'on essuie sur la table en fin de repas. Mention spéciale à Emanuelle Devos.
Cependant léger bémol pour Amalric qui (dans son registre) reste la seule ombre digne d’intérêt du film. Mais attention le fil est maigre, il lui arrive de toucher à la limite d' une hystérie grossière.

Le tout sur 2h45. Bref un pur moment bonheur, à regarder en famille.
Rat
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le 29 mai 2014

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Rat

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