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La grande force de ce film est de créer et mettre en action un personnage culte. Avec sa veste de cuir de pilote d'avion, son chapeau Fedora, sa chemise trempée de sueur, son six coups et son fouet, Indiana Jones est une icône, le symbole évident et immédiat de l'aventurier idéal, parti au fin fond de la jungle, dans le désert brulant ou dans des montagnes perdues à la recherche d'un trésor ou d'une antiquité. Alors que l'histoire se déroule avant-guerre, en 1936, le héros, sans sombrer dans l'anachronisme, est incroyablement moderne et cool, il semble classe et d'actualité même vu de notre époque. Si je porte un cuir aujourd'hui, c'est surement à cause de lui...

Et dès ce premier film, qui aurait pu se chercher et paraitre un peu brouillon ou incomplet, le mythe Indiana Jones est posé, et ne sera complété que par des variations marginales ou des explications par la suite, en dépit du succès incroyable et de la popularité de la saga. Harrisson Ford prête sa gueule carrée à ce professeur d'archéologie aventurier, en étant tout simplement parfait dans ce rôle, charmeur, bagarreur, mutin, malin, cultivé... Saluons d'ailleurs le talent de ce grand acteur, qui aura successivement réussit à se tirer des griffes de personnages aussi cultes et influents que Han Solo, puis Indiana Jones, pour mener une véritable carrière riche en bon films et en rôles variés. Même si dès l'époque de ce premier film Indiana Jones est un homme qui sent déjà le poids des ans et la fatigue peser sur ses épaules après une bonne castagne, détail qui d'ailleurs le rend si humain, drôle et touchant, il reste un véritable beau gosse, l'incarnation de l'Homme viril qu'une femme suivrait dans la boue d'un marécage ou au milieu des serpents et autres petites bêbêtes. Moi aussi je veux être Indiana Jones !

En l'occurrence, pour débuter son histoire au cinéma, il est accompagné de la fille de son mentor, et amour de jeunesse, joli petit bout de femme quand elle se drape dans une des robes que tous les hommes lui tendront durant l'aventure, mais tout de même garçon manqué qui ne se laisse pas longtemps prier pour quitter son trou paumé au Népal et partir sur la trace du trésor. Ce personnage féminin débrouillard permet ainsi d'alléger le film, en tout cas évite le syndrome du boulet que le héros doit péniblement se trainer durant une heure et demie (genre... le second épisode). Certes de temps à autre Indy doit la secourir, mais au moins elle ne gémit pas et ne se plaint pas comme un boulet, se révélant même régulièrement d'un précieux recours aux commandes d'une tourelle.

Indiana Jones, c'est aussi un thème musical extraordinaire, dont on reconnaît l'identité dès les premières notes. La saga est indissociable de ces notes enjouée et rythmées, devenues bande sonore plus ou moins officielle de tout exotisme, d'histoire de voyages lointains ou de trésors perdus. Le compositeur John Williams est, à travers sa longue carrière auprès de Spielberg, un génie de la bande originale cinématographique, et le thème d'Indiana Jones, exposé dès ce premier épisode, est un des piliers de son œuvre. Certaines des pistes sont très romanesques et superbes ou accompagner un coucher de soleil ou autre baiser langoureux.

Et puis il y a la technique, l'image, l'ambiance. Plus de dix ans avant les débuts de l'utilisation massive et significative de l'ordinateur et du numérique (Jurassik Park), Spielberg nous livre un film d'aventure à l'ancienne, magnifique et doté d'une âme. Comme dans un James Bond, le héros traverse le monde en l'espace d'un film, crapote dans la jungle, donne cours dans une prestigieuse université classique aux Etats-Unis, se bastonne dans un bar niché dans les montagnes népalaises, traverse l'Egypte et le désert en long et en large, avant de finir son aventure sur une petite île méditerranéenne. Variété, exotisme et beauté des paysages sont donc perpétuellement présents, enrichis d'une vie et d'un cachet par le recours à un nombre respectable de figurants jouant les indiens, les arabes ou les méchants allemands, par les costumes typiques portés par chacun, par les décors divers et par un heureux rassemblement de véhicules en tout genre : voitures anciennes, camions Mercedes, cargo, sous-marin, DC3, hydravion Short... Spielberg ne se fout pas de la gueule du monde !

Avec tous ces ingrédients, le films pourrait n'être que beau , mais en plus il est drôle et plein de vie.

Je ne suis pas étonné que Spielberg ait fini par réaliser un film Tintin (que je n'ai pas vu), car cet Indiana Jones est une superbe bande dessinée, où le héros cours, escalade, échappe à des pièges machiavéliques dressés là depuis des centaines d'années, comme la fameuse boule de pierre géante qui cherche à l'écraser lors du prologue, saute dans tous les sens pour se débarrasser d'affreuses bêbêtes, se castagne contre tous les vilains du coin, non sans parfois tricher honteusement, comme lors de la géniale scène de l'agile sabreur arabe dégommé négligemment d'une balle de revolver, ou s'en prendre plein la tronche face à un plus costaud, comme le gros allemand qui finit charcuté par l'hélice de l'avion (la mort affreuse d'un méchant, un autre incontournable de la saga). Indiana est courageux mais pas téméraire, sait se servir de ces poings mais peut se prendre des roustes, fait des erreurs, peut se révéler gaffeur après s'être sorti avec une classe incroyable des pires pièges, se cogne bêtement contre une porte trop basse ou un miroir. Il est ainsi énorme quand il désespère de la démonstration de sabre de son adversaire et dégaine son six coups du fourreau, quand il découvre qu'un gros costaud a envie de se battre et lâche un souffle à l'idée de se faire casser la tête, quand il se congratule avec un soldat allemand d'avoir évité ensembles un dangereux accident, avant de l'éjecter aussi sec du camion.

Pour un coup d'essais donc, le résultat est vraiment pas dégueu, et même si l'étalon absolu de la saga est « La dernière Croisade », je reste étonné et agréablement surpris par la maitrise de ce film, la maturité de l'univers et des personnages dépeints, quelques grandes scènes, comme la découverte du personnage dans le temple indien du prologue, le combat autour de l'aile volante nazie, la poursuite en camions, les aventures dans les rues du Caire...

Cependant, l'opposition contre les Nazi avant-guerre véritable bonne idée, n'atteint pas les sommets du 3ème film. Le nazi en imperméable de cuir noir et petites lunettes rondes et sous utilisé alors qu'il est le méchant qui ressort le plus du lot, et la scène finale expédie un peu la conclusion du film, faisant triompher Indiana alors que ce dernier est prisonnier et attaché à un pylône. Cette fin est peut-être le seul passage qui traduit la jeunesse de l'œuvre Indiana Jones, balancé précipitamment et au petit bonheur la chance alors qu'au moment de la scène où Indiana braque l'arche maudite avec son lance-roquette (lui un peu anachronique quand même), on imagine l'histoire s'étendre encore durant une bonne demi-heure.

Il n'empêche que ce premier Indiana Jones est un film révolutionnaire, qui a créé, ou au moins renouvelé un genre à lui tout seul, celui de l'aventurier, générant toute une vague de copies durant les années 80 et 90, certaines relativement connues, comme les Allan Quaterman, le Diamant Vert ou la Momie, mais sans jamais être égalé, ni même inquiété.

Les plus :
_Révolutionnaire et plutôt maitrisé
_Naissance d'un héros énorme
_C'est beau et drôle
_Indiana Shot first
_L'aile volante

Les moins :
_Tout de même moins riche et abouti que les suites
_Personne ne sort vraiment du lot chez les vilains
_La fin arrive un peu soudainement
Dauntless
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le 7 janv. 2012

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Dauntless

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