L’ambition de Joe Lampton de passer d’un état modeste à la société des bien nantis est évoqué dès les premiers plans du film par un close up de ses bas troués suivi d’un plan large où il caresse un soulier verni avant de l’enfiler. Sa cupidité rencontrera un adversaire de taille sur son chemin en l’Amour. Le suspens repose sur le choix que fera Lampton entre la fille garante de prospérité ou l’autre qu’il estime profondément. En ce sens, A Room at the top repose en grande partie sur les épaules de Laurence Harvey qui offre une solide performance. Bien que l’acteur n’ait pas autant de couches et de souplesse à son jeu que sa principale partenaire, le spectateur demeure suspendu à ses réactions et à la décision qu’il prendra. D’ailleurs, tous les rôles entourant l’enjeu principal sont rendus avec justesse et sensibilité. Tant la mère et les collègues de Lampton, que les membres de l’entourage des deux femmes qu’il courtise. Simone Signoret prêtre à Alice toute sa force et sa vulnérabilité. Ses réactions sont troublantes et le sort de son personnage nous atteint tout comme le film dans sa globalité. La dernière séquence à l’église qui confond le public pendant un instant ne sachant s’il assiste aux funérailles d’Alice ou au mariage de Lampton est à la fois brillante et tragique. Elle confirme la victoire du diable et retentit comme le marteau du juge après l’énoncé de la sentence. A Room at the Top aborde un sujet à résonance universelle rendu avec subtilité et maîtrise.