Dernier western (avec des indiens) de John Ford, et antépénultième film qu'il a tourné à 69 ans... Ca se sent car il a dû se faire aider. Et son regard sur les indiens semblait avoir bien changé ! Remords tardifs ? Pour bien comprendre cette histoire, il faut se remettre dans la situation de l'époque où les indiens étaient encore plus méprisés par les américains que leurs propres esclaves...
Même les chiens étaient mieux traités : "Je vais m'en faire" un dit un des protagonistes du film alors que deux cheyennes affamés et pacifiques viennent implorer un peu de nourriture...
Ils avaient étaient contraints de quitter leurs terres du Dakota pour être "parqués" dans des réserves d'Oklahoma... Bien moins riches que leurs terres natales et ne leur permettant guère de subsister et se nourrir, contrairement aux promesses qui leur avaient été faites... Mais la langue de l'homme blanc est fourchue...
Tout ceci avec en toile de fond les promoteurs immobiliers friqués qui convoitaient les terres cheyennes depuis belle lurette, et qui avaient trouvé auprès des politicards toute l'aide souhaitable...
Il restait à l'armée le travail de faire le ménage en assistant à la mort lente et programmée de la race indienne, jusqu'à ce qu'elle se révolte... L'argent sera toujours le liquide vital de l'Amérique, fut-ce au détriment de races entières.
Ce film d'un John Ford voyant venir sa fin prochaine, comme il avait vu celle des cheyennes, ne m'a bien sûr pas laissé insensible... mais quel scénario aussi morcelé qu'interminable. On dirait que des histoires ont été ajoutées au thème principal pour le rendre encore plus long ! Ca finit en effet par devenir insupportable et pourtant, la production avait amputé une partie de cette histoire à l'insu de Ford !
Bien qu'elle ne soit pas désagréable et donne une touche d'humour à ce film funèbre, je n'ai pas compris l'intervention de James Stewart et Arthur Kennedy avec leur partie de cartes. Elle ressemble à une anecdote jetée là, sans fil rouge commun avec le script... Mais ce n'est pas la seule sensation de cassure. Ce ne sera pas le meilleur montage de Ford assurément, et un changement inopiné d'acteur a conduit à devoir recommencer certains tournages.
Côté casting, on frise la perfection. Friser ? Les cheyennes ont réellement quasi disparu et en fait les indiens véritables qu'on voit sont des navajos... Quant à certaines tronches d'indiens ressemblant à Coluche, il ne faut pas être anthropologue pour distinguer que certains rôles principaux ont été tenus par des acteurs hispaniques, pas très convaincants sur leur hérédité...
Ce film de Ford se laisse évidemment voir avec intérêt, beaucoup même, mais ce chant du cygne sonne faux et ne constituera pas pour moi le couronnement spectaculaire d'une oeuvre admirable dans sa globalité par ailleurs.
On ne peut être et avoir été !
Ajout après l'avoir revu le 28.12.2020 : c'est le 140° film du réalisateur et ça se sent : l'usure du temps. Dommage que l'action ait été privilégié à l'analyse psychologique ! Et puis le tintamarre accompagnant
l'aventure finit par devenir assommant et nuit à l'objectif poursuivi, à la longue : trop de percussions et notamment les indiens faisant de la batterie sur des genres de troncs d'arbres !
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TCM Cinéma le 25.10.2019- Ciné Classic le 05.11.2019- France 3 le 28.12.2020- Arte le 03.03.2024- 10.03.2024- 25.03.2024
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