Vu et revu à la télé quand j'étais gamin à une époque où l'étroitesse du choix, seulement 3 chaines de télé, pas d'internet, obligeait à voir des films de grands qu'on aurait jamais vu pas soi-même, à moins de se morfondre dans sa chambre. A l'époque, où la route prélevait plus de 13000 morts par an (alors que les méfaits du tabac semblaient manifestement encore ignorés!), on ne parlait que de la "reconstruction extraordinaire" de l'accident (qui n'intéresse plus que les historiens du cinéma). Et bien sûr déjà des deux acteurs principaux. 50 ans après (Diable !) que reste-t-il qui donne à revoir ce film ?
Le scénario par "collage" de scènes, au gré des divagations du mourant, sans nécessité narrative parfois, l'obsession de détails, de petites "choses", le glissement cauchemardesque de certaines réminiscences impossibles (Ah la terrifiante scène du mariage! Le bateau...)... Ca reste stylé !
La tension au fil de la route (Mais quand l'accident va-t-il se produire et comment ?), puisqu'on en connaît dès le début la fatalité.
L'analyse clinique de l'accident, en fil rouge, remontré de n-façon, comme un rapport de police, de traumatologue et de mécanicien des solides à la fois (Mais le livre est encore plus fort sur ce point)
Les acteurs à la fois forts et fragiles: Piccoli tragique et taciturne. Schneider bouleversante.
La musique magnifique d'un jeune compositeur de 20ans.
Mais surtout, ce qui touche quand on revoit ce film à un age avancé : le thème du film n'est pas l'accidentologie comme cela a marqué son époque, mais celui, universel, de la crise de la quarantaine. Age de la remise en question, de la tentation de tout bazarder, de tenter autre chose. Au moment ou Piccoli se rend compte de son égocentrisme, de sa confusion, que le bonheur est là, qu'il faut en jouir, le destin, absurde, siflle la fin du match brutalement!