Ma Génération Désabusée ou De l'Intensité des Débuts Difficiles

Au détour du reste du cinéma français, une pépite, qui s'ouvre sur une scène aussi enivrante que brève, épileptique, bref : nouvelle. Elle est tant réussie dans sa réalisation qu'elle accroche d'emblée un spectateur acquis à sa cause.


La suite, c'est une foison d'idées réussies sur le thème de la jeunesse et de la projection. Nous suivons Arnaud, 17 ans, un peu perdu, hébété après la mort de son père, et surtout promis à un avenir tout tracé à l'image de son frère, dans lequel il ne se retrouve pas.
Tout vole en éclats quand Madeleine entre dans sa vie telle une tornade, distribuant les coups à qui veut bien les prendre. Bon gré mal gré, c'est sur Arnaud qu'ils se concentrent, et tel un papillon de nuit attiré par la lumière, il va la suivre dans son chemin initiatique.
Elle est sûre d'elle, de son avenir, de son envie d'en découdre. Persuadée que le monde va à sa perte, elle image la version guerrière de toute cette génération, cette jeunesse qui se perd, se cherche, mais ne voit dans l'avenir que le néant.


Le génie du réalisateur est de tirer le meilleur de son actrice dans chacune de ses scènes.
Elle, vibrante de tallent, est le fer de lance de son idéologie : pas de critique du monde actuel, mais beaucoup d'ironie, à commencer par le monde de l'armée, dépeint à travers les yeux de l'héroïne, qui pourraient être les miens.


Kévin Azaïs s'en sort très bien tout en restant dans un rôle en retrait, d'observateur. Il aurait pu être écrasé par le talent de sa compagne, il se révèle terriblement complémentaire d'Adèle HAENEL, dans le jeu comme dans l'esprit. à eux deux, ils forment un couple crédible et fort sympathique, et on croirait presque voir une histoire d'amour en lieu et place d'un voyage initiatique.


La BO, fascinante quoique trop présente par moment, a le mérite de donner au film une identité propre, qui sera ensuite sublimée par une photographie solaire. L'ambiance générale rappelle des réalisateurs indés du moment comme Nicolas Winding Refn ou bien Ryan Gosling.


On regrettera, en étant tatillon, le paradoxe de la dernière partie du film, qui, si elle nous surprend une dernière fois en sortant des sentiers battus, et amène une conclusion ouverte au film, perd en crédibilité et en beauté ce qu'elle impose en surenchère et en effets numériques.


En conclusion, on se prend à regarder un film générationnel, sans prétentions aucune mais qui prend aux tripes et ravive cette jeunesse présente en chacun, quelque part au fond, et pour laquelle il faut combattre

Jb_tolsa
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Créée

le 8 mars 2016

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Jb_tolsa

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