Deuxième film de Claude Chabrol, et dialogué par Paul Gegauff, les cousins est une radiographie de son époque ; on y voit une certaine jeunesse parisienne, qui ne veut que s'amuser tout en s'affranchissant de leurs ainés par leur mode de vie, leur liberté proclamée. Chose que va découvrir Charles, jeune provincial venu faire ses études auprès de son cousin, mais ce dernier va en quelque sorte le pervertir et bouleverser ses valeurs morales...

On a souvent parlé de Gegauff comme le côté sombre de Chabrol, et c'est quand même la vérité tant les dialogues sont empreints d'une ironie féroce, d'un humour noir omniprésent chez le personnage interprété par Brialy. Ce dernier a peut-être un refoulement idéologique, car il fait souvent de l'humour sur le nazisme, jusqu'à réveiller un ami juif en lui hurlant "Gestapo !" avec une lumière tout près de lui.

Mais cet apport lui a apporté, bizarrement, une certaine souplesse dans la mise en scène, car il y a des plans de Paris absolument formidables, et une liberté folle que n'aurait pas renié Jean-Luc Godard.
L'histoire part de plus en plus vers le tragique pour le pauvre Charles, mais c'est en quelque sorte la pureté provinciale qui se fait dévorer par la folie parisienne et cette vie infernale qu'il subit sous les jougs de son cousin.

L'idée de génie du film a été d'avoir inversé les rôles des deux acteurs principaux, déjà présents dans "Le beau Serge" ; ici, Jean-Claude Brialy un dandy séducteur et ironique tout en grâce et légèreté, avec un charme fou, et Gérard Blain a l'air métamorphosé ici car il parait vraiment frêle, réservé, timide, alors qu'il était tout l'inverse dans le premier film de Claude Chabrol. D'ailleurs, ils sont tellement biens qu'ils éclipsent un peu le reste du casting, notamment une apparition rapide de Stéphane Audran, quoique Claude Serval a de belles scènes, car les fois où il apparait, il a l'air d'une belle ordure.

Pour en revenir à mon titre, le film partage plusieurs points communs avec celui de Marcel Carné, mais, de ce que j'ai lu sur cette époque, Chabrol vise plus juste ; c'est plus conforme à ce qu'il a vécu, et les personnages ne sont pas pourris-gâtés et caricaturaux comme dans "Les tricheurs". Et au moins, la caméra bouge ici.

Avec ce film, la carrière de Chabrol était définitivement lancée, avec un film très fort et juste.
Boubakar
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le 15 oct. 2011

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