Où les intérêts économiques priment sur la sécurité voire la vie des gens...

A lire absolument sur le film, l'analyse de Serge Daney.


Premier succès de Spielberg, ce film reste une référence malgré la faiblesse des moyens de l'époque. La distribution, déjà, est plus que correcte, notamment le trio d'acteurs principaux : Robert Shaw, extra en pêcheur baroudeur qui sort des phrases à la Audiard, Roy Scheider impeccable en shériff gentil seul contre tous qui n'a pas le pied marin mais qui va quand même y aller, Richard Dreyfuss pas mal du tout en scientifique rigolo mais sûr de lui : trois personnages très différents les uns des autres qui vont pourtant devoir collaborer pour la traque, et finalement, pour la survie.


Le film est découpé en deux parties bien distinctes, qu'il n'est pas scandaleux de révéler, vu que tout le monde sait de quoi parle ce film aujourd'hui mythique : d'abord l'arrivée du requin et les débats sur sa réalité ou non, puis la traque.


La première partie est particulièrement intéressante, car Spielberg ménage très bien le suspense : on voit très peu le requin au début du film, avec l'utilisation de caméra subjective (et en même temps, c'est mieux comme ça, vu les effets spéciaux de l'époque). Surtout, c'est assez rigolo si on voit le film au second degré, car Spielberg s'amuse en nous plaçant quelques fausses pistes qui font qu'on ne sait jamais à l'avance qui va se faire croquer. Exemple : une forme dans l'eau s'approche d'une nageuse, puis on s'aperçoit après que c'était un bonnet de bain !


Dans cette première partie, j'aime tout particulièrement le traitement de la question des intérêts économiques liés au tourisme, le maire de la station refusant d'accepter la réalité de la présence du requin mangeur d'homme pour ne pas avoir à fermer la plage et provoquer ainsi des pertes importantes pour l'économie locale. Le maire, non seulement ferme les yeux devant la réalité, au risque d'avoir de nouvelles victimes, mais il fait pression sur le médecin légiste qui va modifier son rapport...


Vient ensuite la traque à proprement parler, avec un passage plus intimiste où le pêcheur raconte l'histoire du cuirassé Indianapolis en juin 1945 et où les trois hommes se rapprochent avant le combat final.


Au final, on a là un bon film, rythmé par une musique simple mais extrêmement efficace, et qui est restée célèbre. Bien que l'on puisse difficilement être surpris aujourd'hui par ce film, il n'empêche qu'il y a quelques passages flippants.


Seul regret peut-être, mais ce n'est après tout pas bien grave, c'est que ce film contribue si fortement au mythe des requins mangeurs d'hommes, alors que le phénomène est quand même rarissime.

socrate

Écrit par

Critique lue 1.7K fois

48
12

D'autres avis sur Les Dents de la mer

Les Dents de la mer
Sergent_Pepper
9

We’re gonna feed a bigger throat.

Autour de l’île d’Amity, l’eau qui scintille est une promesse universelle de loisir. Pour les étudiants et leurs joints, dont les bains de minuit forgent parmi les plus beaux souvenirs d’une jeunesse...

le 14 sept. 2014

108 j'aime

15

Les Dents de la mer
DjeeVanCleef
10

Derrière la porte (entrou)verte..

La première fois que j'ai vu ce film, crois-moi si tu veux, c'était sur FR3. L’ancêtre de France3. Et ça devait être un jeudi, il me semble. Je l'ai vu, accroupi derrière la porte du salon...

le 11 oct. 2013

89 j'aime

41

Du même critique

Ma liberté de penser
socrate
1

Ma liberté de tancer

Cette chanson est honteuse, un vrai scandale : il est absolument inadmissible et indécent de tenir de tels propos quand on gagne plusieurs millions d'euros par an, alors que des tas de gens galèrent...

le 11 avr. 2012

170 j'aime

76

La Ligne rouge
socrate
4

T’es rance, Malick ?

La ligne rouge, je trouve justement que Malick la franchit un peu trop souvent dans ce film, malgré d’incontestables qualités, que j’évoquerai tout d’abord. La mise en scène est formidable, la photo...

le 21 sept. 2013

134 j'aime

78

Ernest et Célestine
socrate
9

A dévorer à pleines dents !

Pour tout dire, je ne savais rien de ce film avant d’aller le voir, je craignais une histoire un peu gnangnan pour bambin à peine sorti du babillage. Bref, j’y allais surtout pour accompagner la...

le 10 janv. 2013

133 j'aime

22