Ce film qui n’a pas bénéficié d’une sortie en salles et qui est arrivé en catimini en vidéo à la demande l’an passé n’a pourtant rien d’honteux, au contraire il est même plutôt bon. Partant du principe assez balisé du changement de vie (plus de comportement ici), « The Professor » suit donc un professeur de lettres qui va totalement changer d’attitude à l’annonce de son cancer et de sa mort proche. Cela va entraîner des bouleversements dans ses rapports avec ses proches de sa femme, sa fille, ses collègues en passant par son meilleur ami. Sans prendre de chemins détournés (le long-métrage s’ouvre sur l’annonce du cancer), on rentre directement et judicieusement dans le vif du sujet et dans ce que l’on pourrait communément nommer une belle comédie dramatique où le dosage entre rires et larmes est en tous points parfait.
« The Professor » prend le choix d’une tonalité partagée entre cynisme et mélancolie. Le script s’oriente dès le départ vers l’humour avec brio et ne prend le chemin de l’émotion que sur la toute fin, terriblement émouvante et juste. On pense à un petit cousin de « American Beauty » dans la manière dont le personnage principal devient totalement transparent dans ses paroles aux risques et périls de son entourage. Les séquences s’enchaînent sans temps mort entre Charlie et ses différents interlocuteurs, alternant humour noir et considérations plutôt justes sur le sens de la vie. De plus, la mise en scène est discrète et classique mais de toute beauté, en accord avec les beaux décors de cette université de Nouvelle Angleterre. Il y a peut-être un petit goût de déjà-vu (et parfois en mieux) mais tout cela reste plaisant du début à la fin. On rit de bon cœur plusieurs fois devant les tirades de Johnny Depp devant son auditoire médusé.
D’ailleurs, l’acteur trouve là l’un de ses meilleurs rôles depuis bien longtemps. Le type de prestation dans laquelle il aurait du se retrouver depuis bien longtemps, assumant parfaitement sa cinquantaine bien tassée de séducteur sur le retour. Les autres acteurs sont là pour lui servir la soupe et il manque peut-être de rôles secondaires plus étoffés. Il n’empêche, sous couvert d’humour pince-sans-rire et d’une atmosphère douce-amère, « The Professor » dit beaucoup de choses vraies sans les marteler pour autant et se permet quelques dialogues et scènes impertinentes. On pense notamment à celle de la réunion aux malades du cancer ou celle du space-cake dans son bureau et ce qui s’en suit. De la même manière, le film parvient à se détourner des passages obligés de façon assez astucieuse pour ce type de sujet tout en restant toujours réaliste. Une bonne surprise pour un petit film sympathique, juste, drôle et touchant
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