C'est toujours un peu hasardeux de visionner un vieux film en noir et blanc : le jeu des acteurs peut sembler forcé, l'image peut avoir un grain gênant et le son peut saturer douloureusement. C'est donc toujours avec une certaine appréhension que je me lance dans ce genre d'aventure.


Mais dans le cas des Diaboliques, c'est peu dire que je ne l'ai pas regretté ! Le film commence autour d'une intrigue relativement simple : un homme parfaitement odieux, du genre qu'on adore détester, malmène, physiquement et psychologiquement, à la fois sa femme et son amante. L'amante convainc alors la femme de se liguer pour l'éliminer, en couvrant soigneusement leurs traces et en se construisant un alibi indéboulonnable. Dans toutes la première partie du film, on suit ainsi ses deux femmes dans leur projet, en tremblant pour elles et en souhaitant, envers et contre tout, la réussite de leur projet.


Si le film s'arrêtait après cette première partie, ce serait déjà un très bon film, tant la réalisation nous entraîne dans leur aventure et tant les personnages ont du relief. Seulement c'est dans la seconde partie qu'Henri-George Clouzot révèle tout son brio. En quelques scènes simple, il nous fait douter de ce que nous venons de voir et fait entrer comme une ombre de fantastique dans ce monde auparavant si terre-à-terre. Là encore, on suit l'évolution des personnages, leurs agacements, leurs doutes, leurs peurs. Et dans une scène magistrale, on est terrifiés avec l'une des héroïnes lorsqu'elle explore de nuit la maison plongée dans l'obscurité où semble se promener un intrus malveillant.


Enfin, le film se termine sur une révélation digne des plus grands twists du cinéma, qui nous laisse bouche bée et nous fait considérer tous les personnages sous un nouveau jour, radicalement différent. C'est fort, très fort, et pas du tout téléphoné.


Mais comme le film se termine sur (probablement) l'un des premiers messages anti-spoilers ("Ne soyez pas diaboliques, ne détruisez pas l’intérêt que pourraient prendre vos amis à ce film. Ne leur racontez pas ce que vous avez vu. Merci pour eux."), je vais m'arrêter ici et me contenter de vous conseiller absolument de vous trouver une copie correcte de ce magnifique film qui vaut largement tous les films à suspenses modernes.

Tuggy
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le 2 juin 2016

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Tuggy

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