Premier film du réalisateur avant les cultes « Alien » (1979) et « Blade Runner » (1981), « Les Duellistes » fait partie de ces films que l'on n'oublie pas.

Ce qui n'aurait pu être qu'un banal film historique (cela se passe au début du XIXe siècle) devient l'histoire d'un affrontement épique entre deux soldats de Napoléon. L'un et l'autre n'ont pas la même notion de l'honneur. Tout débute par un malentendu. Le Lieutenant Féraud (Harvey Keitel) est un personnage violent et brutal, anti-Napoléonien et fier des nombreux duels dont il est sorti vainqueur. Au contraire de son adversaire (Keith Carradine), qui depuis toujours respecte les lois, promis à un avenir doré dans l'armée de Napoléon.

Chargé de mettre le Lieutenant Féraud aux arrêts, (Keith Carradine) est provoqué en duel par ce dernier, et le blesse gravement à la main. Dès lors, et ce pendant plusieurs années, les deux hommes s'adonnent à de nombreux duels dont aucun ne sort vraiment vainqueur.

Ce qui marque d'abord dans le film de Ridley Scott, c'est le côté intimiste de certaines séquences, donnant au final beaucoup plus d'authenticité aux rapports, et à la vie de l'époque. Fresque intimiste donc, « Les Duellistes » repose sur la rivalité naissante entre deux hommes que tout sépare, plongés dans une guerre incessante. Personnage le plus intéressant du film, Féraud est campé par un Harvey Keitel plein de colère, pas à sa place dans une époque où il n'est question que de décoration, d'honneur, et de courage. Il paraît déjà résigné au début de l'histoire. Pour lui, il n'y a que les duels pour assurer sa survie. Dans une certaine mesure, on peut rapprocher Féraud du flic pourri que Keitel jouera plus tard dans le « Bad Lieutenant » d'Abel Ferrara, même si celui-ci n'aborde même plus la question de l'honneur dans son cheminement. Mais ils sont tous deux confrontés à une jungle dans laquelle ils doivent s'adapter, se créer leur propre code.(Keith Carradine), quant à lui, poursuit son chemin, à travers les années, connaît des désillusions et des malheurs

amoureux, monte en grade. Il n'est en réalité jamais tranquille. Les différents affrontements avec Féraud le marque, physiquement, et mentalement. Peu à peu, il devient comme celui qu'il méprise, et désire ces duels tout autant que lui. On ne peut pas dire que la partie sentimentale apporte grand chose au film, le réalisateur s'en servant presque uniquement comme d'un fil continu, pour aider le spectateur à se situer dans le temps, et à s'attacher au personnage de Carradine. Le duel final est le moment fort du film. Dans un paysage magnifique, les deux hommes, dans un duel au pistolet, jouent au chat et à la souris pendant plusieurs minutes filmées avec froideur et brio comme d'ailleurs toutes les scènes de duels. La conclusion est à l'image du film, prenante, évidente, remplie de cette philosophie épique dont sont nourris les grands films. On sort remué de cet étrange objet qui ne ressemble à aucun autre, et l'on garde longtemps en tête cette image du Lieutenant Féraud, en haut de la montagne, le regard vers l'horizon. Ça y est, tout est consommé.
leonardtarquin
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le 12 mars 2012

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