Carné, ce n’est pas trop ma came. Je lui reconnais un sens du rythme, du cadre, de la scène, une gestion intéressante de la parole mais je m’y ennuis. Le quai des brumes, Hôtel du nord, deux films qui ne m’ont pas laissé un souvenir impérissable. Et puis bon, Arletty, Gabin, très peu pour moi. Je pense que c’est un cinéma ultra surestimé parce qu’il se veut à la lisière de l’auteurisme et du film populaire. Mais ça ne lui réussit pas super bien, enfin je trouve que ça penche trop du mauvais côté. En gros je trouve que Carné est à Renoir ce que Jaoui est à Resnais. Bref. Quitte à tenter à nouveau une approche du cinéma de Carné je me suis laissé aller à poursuivre avec celui que beaucoup considère comme son chef d’œuvre. J’ai bien fait, j’ai nettement préféré celui-ci. C’est une question de durée, c’est sa longueur qui m’a séduit. Et puis la longueur c’est une des bases des plus beaux mélodrames. Disons que l’ennui (que m’a procuré l’assommante première partie) est compensé par le crescendo mélodramatique que le récit sous-tend, les sept années qui séparent les deux époques sous-tendent. N’empêche que Carné n’est pas Sirk. C’est donc la force du récit qui produit de l’émotion, rarement la mise en scène, assez peu inspirée, surtout dans les intérieurs. Au-delà de ça j’ai beaucoup de mal avec les personnages, constamment dans la caricature pour les personnages secondaires ou dans l’emphase pour les récurrents provoquée par une médiocre association avec le verbe de Jacques Prévert. Le film est d’ailleurs très bavard, trop hystérique et carnavalesque à mon goût, ne prend jamais le temps de libérer de l’inédit puisqu’il veut avant tout faire le spectacle. Une indigestion à la Amélie Poulain, toute proportion gardée. Pourtant le film m’a ému, essentiellement grâce à ce beau personnage qu’est Baptiste. Je pense que le film lui doit beaucoup, c’est un beau portrait d’amoureux transi, plus qu’il n’est une peinture, assez peu fascinante, du petit monde du théâtre du début du XIXe siècle.

JanosValuska
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le 16 mai 2015

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