Les fatigants
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Mouais bof.
Les 10 premières minutes m'ont paru très sympas : du conflit, du dialogue, deux personnages bien écrits, du mystère... une très belle accroche quoi ! Après, ça s'étiole, hélas. L'intrigue est remplie de personnages sympathiques, mais ils sont si nombreux et leurs intrigues si diverses qu'au final, aucun n'est approfondi convenablement ; de plus, l'auteure a tendance à jouer avec le 'réalisme', se bat contre le manichéisme en proposant des scènes où ils sont méchants et des scènes où ils sont gentils, ce qui me pose problème, parce que ça veut dire que les personnages perdent en caractérisation, puisqu'ils peuvent tour à tour incarner n'importe quel sentiment ou trait de caractère ; on sent tout de même une dominante chez chacun, mais ça n'est pas assez exploité au travers des différents récits. Et puis l'on s'ennuie de suivre l'un puis l'autre puis encore un autre, et ce de manière aléatoire ; les récits sont trop éparpillés, trop faiblement développés parce qu'il faut vite passer à un autre personnage, rien n'avance concrètement et pourtant les résolutions arrivent, sans qu'on ne ressente réellement les conflits. Les interactions entre les personnages et les croisements entre les intrigues sont amenés selon le bon vouloir de l'auteure, c'est-à-dire qu'on ne ressent pas la nécessité d'une rencontre, n'importe qui peut se situer n'importe où dans ce lieu et rencontrer n'importe qui tant que ça fait avancer le film, et parfois même ça ne fait rien avancer du tout, ça stagne mais il faut s'en contenter. C'est très foutraque aussi : les nombreux thèmes sont très variés, on se demande parfois ce que ça a avoir avec un autre, on frôle l'amalgame de temps en temps, et puis surtout c'est très superficiel : cette critique droite-gauche et riche/pauvre, ben on s'en tamponne, ça ne mène à rien. Et puis il faut ajouter à cela des hallucinations et la présence d'un fantôme si faiblement exploité qu'on se dit que les producteurs n'ont pas fait leur boulot, à savoir brider l'auteure afin que le film soit cohérent.
Faire un film, raconter une histoire, ça ne consiste pas simplement en une multitude de scènes mises bout à bout. Il faut créer du liant entre les scènes, écrire des personnages et les exploiter, amener du conflit et conduire le tout vers une résolution logique. Tout n'est pas à jeter, loin de là, au-delà de la première scène, on trouve d'autres passages franchement sympas, des confrontations bien pensées, des répliques cinglantes, ... la conversation sur le viol par exemple est vraiment très chouette, elle permet de cerner la complexité d'un tel sujet... mais le tout est décousu et ennuyant.
Heureusement, la mise en scène sauve les meubles : la caméra bouge bien, le découpage est pertinent, le montage est dynamique. Le passage d'une intrigue à l'autre se fait sans friction. Les acteurs sont tous très bons ; je ne suis pas un fan de Arditi, je trouve qu'il surjoue en général, ici je l'ai trouvé excellent dans son incarnation de cet abject homme d'affaire ; je me demande si l'auteure a laissé l'acteur libre dans son interprétation où si elle l'a guidé afin de ressembler au plus à son vrai beau-frère. En tous cas, tout le monde fait un excellent boulot. Et la photographie est plaisante, on bandera notamment pour l'une des dernières scènes en plein brouillard.
Bref, la mise en scène vaut le coup tandis que le scénario est mal ficelé.
Créée
le 16 nov. 2019
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4 commentaires
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