Il s'agit d'un film d'anticipation présentant un monde en déclin. Après tout, ne plus pouvoir avoir d'enfants va conduire inexorablement le monde à sa perte.
Nous suivons Theo Faron, ancien idéaliste qui endosse un rôle d'anti-héros qui malgré lui va devoir protéger la première femme enceinte depuis dix-huit ans et, par la suite, le premier nouveau né apparu depuis des années.
Ce film ne respire clairement pas la joie de vivre, et c'est bien l'ambiance la plus cohérente possible pour traiter un tel sujet. Cet aspect est conforté par une couleur dominante : le gris. Il symbolise ce monde terne. Que ce soit les bâtiments ou le ciel, il ne semble pas y avoir d'échappatoire. Le monde semble avoir accepté son sort. Néanmoins, cette couleur signifie aussi que ce même monde n'a pas encore basculé dans le noir total.
En effet, bien que nous soyons témoins d'un monde au bord du gouffre, le renouveau qu'incarne le bébé pourrait permettre de parvenir à de meilleurs lendemains. Précisons que ce bébé est clairement assimilable à Jésus Christ, notamment par cette naissance dans une étable mais aussi parce qu'il représente le salut des hommes.
A noter aussi un propos militant du film sur la question de la migration. Ici, les migrants sont parqués dans des camps, voire dans des cages, comme de vulgaires animaux. Le fait que l'humanité soit confrontée à un mal sans précédent n'a pas pour autant calmer les tensions liées à la question de la migration. Au contraire, elles semblent même s'être amplifiées. Le pied de nez magnifique que propose Cuaron à cette situation, c'est que la mère du nouveau né soit elle-même issue de l'immigration.
A noter que la dernière partie du film, tournée en plan séquence est un bijou offert au cinéma. Le fait qu'il n'y ait pas de coupures augmente la tension déjà palpable vu la confrontation armée qui a lieu. La résolution quant à elle peut sembler douce amère mais au final, notre héros n'est qu'un transporteur, témoin et symbole de cet ancien monde qui ne tourne plus rond. Et malgré le fait qu'il ait enfoui son idéalisme, il aura, dans son dernier souffle, permis à l'humanité de préserver une chance de perpétuer comme il l'aurait souhaité jadis.