Le Château ambulant
8
Le Château ambulant

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (2004)

Le château ambulant est sans conteste mon Ghibli-Miyazaki préféré. J'ai été transporté tout du long pendant mes différents visionnages et, à chaque fois, ça a fait mouche.


L'univers fantastique dépeint ici prend part dans un territoire visiblement inspirée de l'Europe, de par son architecture, mais il est aussi fortement emprunt d'une imagerie steampunk. Il n'y a qu'à voir le château ambulant. En somme, on ressentirait presque une inspiration de Jules Verne.


Nous suivons ici Sophie, une jeune fille lancée malgré elle dans une quête visant à lever le maléfice dont elle est victime, le tout sur une toile de fond présentant une guerre entre deux nations.


Au final, nous avons presque un film dans un film et très vite, les enjeux se relient. Sophie qui partait retrouver la sorcière qui lui a lancé le sort rencontre Hauru, un autre sorcier qui participe lui-même à la guerre et, fatalement, Sophie se retrouve à devoir vivre ce conflit.


Il est intéressant de soulever que la quête de Sophie présente un sens de lecture plus profond dont la malédiction n'est qu'un prétexte. En effet, elle cherche à redevenir qui elle était mais le paradoxe qui se pose est qu'elle reste elle-même malgré le maléfice. Ce n'est que physiquement qu'elle va être altérée en devant cette Oba san. De fait, en levant la malédiction et en redevant la jeune Sophie, elle sera tout de même changée par cette aventure qui l'aura forgée et ne reviendra pas à son état de départ. Les cheveux gris qu'elle arbore à la fin sont d'ailleurs un stigmate et un symbole de son parcours initiatique. Il faut aussi préciser que cette évolution a lieu grâce à sa relation avec Hauru et sa magie, ce qui aura pour but de faire grandir Sophie elle qui provient d'un milieu tout ce qu'il y a de plus normal.


Et, justement, il en va de même pour le personnage d'Hauru dont la rencontre avec Sophie l'aidera à devenir meilleur lui qui, à l'inverse de Sophie, apparaît au début sous les traits d'un beau jeune homme plein d'assurance faisant tourner toutes les têtes alors qu'il n'est pas foncièrement une bonne personne. D'ailleurs, son changement de couleur de cheveux est aussi sans équivoque concernant son évolution qui surviendra au contact de Sophie.


Il en est de même pour Navet qui est présenté sous les traits d'un épouvantail, loin d'être l'incarnation de la beauté. Et pourtant, il agit de façon altruiste en permanence, aidant Sophie tout le long de son aventure. On apprend finalement que Navet n'est autre que le Prince Justin, un homme beau et bon incarnant quelque peu la figure du prince façon Disney.


Cette notion que l'on peut qualifier de beauté intérieure est d'ailleurs mise en exergue par le château lui-même qui ne semble être que des bouts de choses diverses assemblées çà et là et dont la cadence semble hachée quand il se meut. Pourtant, grâce à la magie d'Hauru, son intérieur peut sembler doux et chaleureux. Sophie y trouvera d'ailleurs un foyer dont elle prendra soin avec en son cœur Calcifer avec qui elle nouera une réelle complicité.


A noter que les personnages sont tous prenants, de la candide mais forte Sophie, à l'insaisissable Hauru ou encore de l'extravagante sorcière des Landes au malicieux Calcifer. Chacun participe à rendre ce film unique et les interactions entre ces différents personnages sont une réussite.


Ce qui ressort de ce film, à l'instar de nombreux autres films du studio, c'est de la poésie entremêlée à de la magie. On suit un personnage féminin fort qui, malgré la malédiction parvient à rester soi-même, sans céder à la fatalité du monde qui l'entoure, qu'elle soit jeune fille ou grand-mère. Un personnage qui vit une aventure qui a pour but de la construire, où le château, à l'instar d'une chrysalide, lui permettra de se transformer naturellement pour ressortir grandie, comme une adulte accomplie, forte et altruiste.

Carteetbobine
9
Écrit par

Créée

le 28 mai 2021

Critique lue 132 fois

2 j'aime

Carteetbobine

Écrit par

Critique lue 132 fois

2

D'autres avis sur Le Château ambulant

Le Château ambulant
SBoisse
9

« Et v’la le feu qui cause ! »

Il était une fois un sorcier qui se refusait à grandir et qui, par générosité, s’était privé de son cœur. Avouons que Le château ambulant n’est pas d’un abord aisé. Ce long métrage tient une place à...

le 20 déc. 2017

78 j'aime

16

Le Château ambulant
villou
8

Un château aux multiples facettes

Je trouve que pour ce film, Miyazaki est allé exactement là où on ne l'attendait pas. Le film est complexe, torturé, parfois incompréhensible, surtout pour des occidentaux. Mais ma première remarque...

le 21 déc. 2010

75 j'aime

3

Le Château ambulant
Fritz_the_Cat
9

Les Malheurs de Sophie

Il faut du temps pour mesurer l'ampleur d'un film comme Le Château ambulant, y compris pour qui est habitué à se perdre dans la filmographie de Miyazaki. Visiblement peu contenté par ses propres...

le 2 nov. 2015

74 j'aime

14

Du même critique

Le Château ambulant
Carteetbobine
9

La beauté intérieure

Le château ambulant est sans conteste mon Ghibli-Miyazaki préféré. J'ai été transporté tout du long pendant mes différents visionnages et, à chaque fois, ça a fait mouche. L'univers fantastique...

le 28 mai 2021

2 j'aime

Cloud Atlas
Carteetbobine
9

Cloud Atlas : c'est pas si mal d'être sympa

Cloud Atlas est un film qui m'a personnellement marqué. Il est le film qui m'a donné l'envie de comprendre, d'analyser, outre le divertissement. Pour ma part, avoir un film réalisé par les soeurs...

le 24 mai 2021

2 j'aime

Sans un bruit
Carteetbobine
7

Sans un brouïe

Ce film joue à fond la carte de son postulat de base et c'est là sa force. Le problème étant que c'est là sa seule véritable force. Et si on n'adhère pas au concept ou que les conditions de...

le 28 mai 2021

1 j'aime