Prêts pour une expérience rimbaldo-baudelairienne ? Les garçons sauvages a pour premier mérite de nous transporter dans un paysage cinématographique différent, dans un pays de luxuriante luxure bien éloigné des intérieurs bourgeois si souvent utilisés dans les productions françaises. Cap sur l'aventure et sur la démesure, vers des contrées imaginaires le plus souvent réservées à la littérature. C'est un film pour les yeux plus que pour le cerveau, et alors ? Alors, justement, on aurait aimé que les splendeurs et les audaces visuelles soient soutenues par des dialogues un peu moins ineptes et des voix off moins sentencieuses. Cet OFNI, saturé de nombreuses influences cinématographiques, picturales et littéraires, a toutefois sa propre personnalité, sa véritable originalité, avec son pari un peu fou de faire jouer ces garçons sauvages par de jeunes actrices, tentative couronnée de succès et haut la main. Le côté fantastique, bricolé avec les moyens du bord, et rappelant les innovations du cinéma muet, fait oublier les défauts de ce film inclassable qui va jusqu'au bout de ses ambitions, aussi extrêmes et délicieusement déraisonnables fussent-elles. Ce n'est pas rien dans une production cinématographique dominée par les recettes prémâchées destinées à plaire au plus grand nombre. Les garçons sauvages est l'antithèse du cinéma dominant et en cela le film de Bertrand Mandico est très précieux.