Choc visuel de tout instant, déroute totale, nous sommes victimes d’un phénomène insulaire au point de perdre nos repères, nos marques, nos attributs dans cet au-delà des apparences que constituent ces Garçons sauvages. Relecture sadienne, si l’on peut dire, de Sa Majesté des mouches, le film s’érige en vaste récit d’apprentissage au terme duquel l’homme quitte son enveloppe barbare au gré de vicissitudes physiques et morales ; la renaissance de l’humanité couronne ce long et périlleux baptême désacralisant le phallus sceptre de pouvoir pour privilégier le mundus… Pierre Louÿs n’est pas loin ! La tempête esthétique explose dans l’œil cinéphile de ses mille et une références magnifiquement parsemées et constitutives d’un tout homogène qui fait sens ; le spectateur oscille entre malaise et fascination devant cet objet cinématographique unique, odyssée sexuelle foisonnante. Acteurs parfaits, composition musicale géniale, réalisation fourmillant d’idées plus audacieuses et pertinentes les unes que les autres… Bertrand Mandico signe un conte adolescent troublant et admirable à la puissance graphique sans précédent, trouvant sa place à côté de monuments du cinéma tels qu’Orange mécanique. Chef d’œuvre.