Après toute la série des Iron Man, Thor, Captain America, etc, tous ces héros Marvel de premier plan, personne ne se serait douté il y a quelques temps qu'ils seraient tous vaincus par un film sur les Guardians of the galaxy. Je dois l'avouer, j'ai beau aimer lire des comics de temps à autre, je crois que je ne connaissais même pas de nom avant ce projet d'adaptation. Et pourtant, bien avant que tous les critiques ne s'enthousiasment pour le film et que ce dernier ne batte tout un tas de records dès sa semaine de démarrage, j'attendais Guardians of the galaxy avec impatience. Parce que James Gunn est aux commandes. Un type qui a débuté chez Troma, et qui a réalisé et écrit ce film génial qu'est "Super". Et après seulement deux réalisations, il passe sur un blockbuster Marvel ? Comment on passe de Troma à ça ? Ou même de Super, un film subversif qui présente un héros dérangé, à ça ? C'est dingue, mais j'avais confiance en James Gunn.
De plus, je savais que Lloyd Kaufman avait droit, cette fois encore, à son cameo, et j'avais hâte de voir ce malade dans une production Marvel, sur grand écran.
(une chose à laquelle je n’avais pas pensé, c’est la variété de spectateurs qui allaient être attirés en salle ; j’ai dû subir les conversations d’un type à côté de moi qui vantait les mérites de Lucy tout en crachant sur le cinéma d’auteur).

Comme je l’espérais, James Gunn apporte sa touche au blockbuster de super-héros. Oui, on est dans un film de SF avec des looks futuristes improbables… mais les personnages en profitent pour s’en moquer. La variété des races et des civilisations est exploitée à des fins comiques, en faisant appel à des chocs culturels et des incompréhensions entre les personnages… ce qui est quand même plus crédible que dans la plupart des autres films, quand on y pense.
Le film est PG-13 et donc adressé à un large public, mais Gunn tente quand même de contourner les restrictions autant que possible. Il y a un peu de violence verbale, une scène d’une violence visuelle extraordinaire (et pourtant sans une goutte de sang), et le héros qui fait un doigt face caméra… chose qui, en fait, m’a un peu déçu, après avoir vu dans la bande-annonce ce doigt dissimulé de façon futée. Il y avait là l’idée de se moquer des interdits, plutôt que de tout simplement passer outre, comme c’est le cas au final…
J’ai aimé l’idée, peu commune, de faire des personnages principaux des adversaires au début, dont trois se battent pour obtenir la prime sur le quatrième ; ça change d’Avengers.
De plus, le personnage principal de Peter Quill est humain, et j’entends par là qu’il vient de la Terre mais aussi qu’il a une humanité, un caractère crédible proche de l’homme de base, il ne s’agit pas vraiment d’un héros exemplaire à la Captain America. C’est du moins l’impression que j’ai eu rien qu’avec la scène où il danse dans les décombres d’un temple, au début, écoutant sa vieille cassette audio. Bon par contre par la suite j’ai oublié cette première réflexion, puisque le personnage, par ses actes extraordinaires et surhumains, finit par ressembler à n’importe quel héros infaillible.
Le personnage qui se démarque surtout en fin de compte, c'est Groot, qui dévoile des capacités très intéressantes.

Il y a quelques trouvailles visuelles (le plan qui met côte à côte la tête de la mère de Quill et l'électrocardioscope, le tracé qui ondule donnant l'impression qu'il s'agit de la vie qui s'échappe d'elle), une esthétique très plaisante, mais James Gunn a beau avoir voulu sortir des sentiers battus, on retrouve dans Guardians of the galaxy énormément de clichés et de défauts inhérents aux films de la même catégorie : ces ralentis, ces explosions énormes auxquelles échappent les héros en courant vers la caméra, ce méchant aux motivations floues, ces personnages qui font quelque chose censé les tuer mais en fait non, …
Il y a également pas mal d’incohérences : Gamora qui survit on ne sait comment à l’explosion de son vaisseau, les vitres que les héros défoncent d’un coup de pieds alors qu’elles résistaient à des armes à feu l’instant d’avant, …
Le second degré très présent est là également pour faire la différence entre Guardians of the galaxy et les autres films Marvel, mais j’ai beaucoup moins ri que je l’aurais souhaité ; j’ai trouvé qu’il y avait un bon nombre de blagues faciles.
[EDIT 22/01/2015 : En y repensant, il y a ce passage (symptomatique de l'humour général du film) qui me gêne, où Rocket se saisit d'une arme et lâche "oh yeaaah". Grosse réaction dans la salle, ce qui m'a un peu agacé, tant le "gag", si on peut appeler ça ainsi, est facile, prévisible, et tellement commun. Dans Super, l'humour était décalé, absurde ou inattendu, mais à aucun moment on ne voyait James Gunn céder à une telle facilité.]
Pour ce qui est des scènes d’émotion, elles m’ont parues forcées pratiquement à chaque fois, alors même que la séquence d’ouverture du film avait réussi à me prendre aux tripes.
James Gunn avait choisi de se démarquer aussi par sa BO (numéro 1 des ventes aux USA actuellement, quand même), composée de classiques des 70’s et 80’s, de quoi me plaire, mais malheureusement, la musique n’est pas si bien utilisée que ça. Rien que dans les trailers, il y avait plus d’interactions avec les images que dans le film, où les chansons démarrent de façon presque aléatoire.

J’attendais tellement plus de Guardians of the galaxy, je comptais sur James Gunn pour briser les règles, révolutionner un peu le genre. Il est clair qu'il a cherché à s'affranchir des restrictions, mais sans totalement y parvenir, selon moi.
Au final c’est un film correct… et c’est pour ça que je suis déçu.
La suite est déjà annoncée, toujours avec James Gunn au scénario et à la réalisation, chose qui me faisait déjà peur avant que je ne voie le premier film, car cela veut dire qu’on ne verra peut-être plus de petites perles comme Super. Je prie pour que James Gunn suive la voie de Joss Whedon, qui alterne entre petits et gros budgets, plutôt que celle de Peter Jackson, désormais perdu à jamais.

PS : A la fin de la séance, j'ai entendu quelqu'un évoquer Donald. Ceux qui ont vu le film comprendront mon accablement...
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le 15 août 2014

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Wykydtron IV

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