Les Goonies par pierrick_D_

Astoria,petite cité côtière de l'Oregon.Les Goonies,une bande de gamins turbulents et bricoleurs,découvrent une carte indiquant l'emplacement d'un trésor.Les voilà partis dans les souterrains reliant la mer aux sous-sols de la ville.Cette BD kitsch,colorée et trépidante est un concentré de culture pop eighties.Nous sommes pile au milieu des années 80 et le film est fabriqué par les cadors du ciné populaire US de l'époque.C'est produit par Steven Spielberg et sa célèbre société Amblin,le scénario est écrit par Chris Columbus et c'est réalisé par Richard Donner.Il y avait à l'époque une vague de films avec des bandes de gosses puisque la même année que "Les Goonies" sort "Explorers" de Joe Dante,et l'année suivante le "Stand by me" de Rob Reiner,dans lequel joue un des Goonies,Corey Feldman.Ceux qui ont connu cette période sont plongés dans un vrai bain de jouvence tant le film aligne les références,de la musique de la série "Mission impossible" aux chansons toniques de Cyndi Lauper,en passant par les clins d'oeil amusants à des oeuvres telles que "Superman" qu'avait réalisé Donner,ou "Gremlins",déjà une production Spielberg.Mais "Les Goonies" rappelle surtout les films précédents de Super Steven que sont "Les aventuriers de l'Arche perdue" et "Indiana Jones et le Temple Maudit",dont c'est un peu la version junior,bien avant la série "Le jeune Indiana Jones".On retrouve ici les mêmes héros intrépides,les mêmes chasses aux trésors,les mêmes cavernes mystérieuses infestées de chausse-trappes,et aussi le jeune acteur asiatique Ke Huy Quan,déjà présent dans "Le temple maudit" un an plus tôt.Il est à noter que la technique est remarquable,de la mise en scène très dynamique de Donner à la photo mordorée de Nick McLean qui oscille entre ombre et lumière,de la musique énergique de Dave Grusin aux superbes décors de J. Michael Riva,qui semblent inspirés de l'attraction de Disneyland "Pirates des Caraïbes",dont on fera des films bien plus tard.Pourtant,"Les Goonies" n'est qu'à moitié convaincant.La faute à un scénario hétérogène qui parait hésiter entre les deux tendances contradictoires du producteur.D'un côté,nous avons la veine mélo sucré niais et moraliste,type "E.T.",de l'autre le tropisme aventures échevelées,volontiers violentes et angoissantes,qu'on trouve dans les "Indiana Jones".Docteur Spielberg et Mister Hyde.Du coup,le film est un peu trop crétin pour subjuguer les adultes,et un peu trop effrayant pour ne pas rebuter les enfants.Donc,l'oncle Stevie nous inflige des parents démunis heureusement sauvés par le courage et l'inventivité de leur progéniture,d'horribles affairistes qui veulent exproprier les habitants pour installer un golf,un peu de propagande pour le droit à la différence avec des gamins ethniquement variés allant du juif au chinois,sans oublier de caser deux filles et un monstre terrifiant qui se révèlera finalement gentil.On se demande juste où est passé le noir.A l'inverse,les personnages sont confrontés à des cadavres,des squelettes, tout un tas de pièges meurtriers d'une sophistication sadique,l'ensemble étant additionné d'un érotisme discret via la présence d'Andy.Difficile de concilier tout ça,d'autant que le démarrage de l'histoire est des plus catastrophiques.Les jeunes acteurs surjouent à mort,gesticulent tels des épileptiques en crise et braillent comme dans un casting de "The Voice Kids".L'humour étant totalement éléphantesque,ça donne une entame franchement pénible sur laquelle vient se greffer l'arrivée d'un trio de malfaiteurs plus clownesques qu'inquiétants.Ensuite,ça va notablement s'arranger quand la fine équipe va se mettre à crapahuter sous terre en progressant malgré les obstacles dressés sur son chemin.C'est très spectaculaire,très beau visuellement,et divinement shooté par un Donner en grande forme dont la caméra se faufile habilement à travers tous les dédales d'un décor extravagant.Il y a même des moments où ça devient très drôle,comme avec la scène délirante des "aveux" de Chunk.Certes,le script s'abandonne parfois à certaines facilités,par exemple avec l'utilité bien définie de chaque personnage,tous apportant leur part à la résolution des problèmes.Mickey est le maillon fort du groupe.En dépit de son asthme,ou grâce à lui,il ne renonce jamais à sa quête et parvient à relancer ses camarades quand ils veulent lâcher prise.Mouth connait l'espagnol,ce qui tombe bien car la carte contient des textes écrits dans la langue ibérique.Data est un inventeur bardé de gadgets qui permettront aux gosses de se tirer de certains mauvais pas.Andy sait jouer du piano,ce qui s'avèrera providentiel.Quant à l'obèse Chunk,a priori le boulet du groupe,sa goinfrerie lui vaudra la sympathie du monstrueux Sloth,qui viendra aider les Goonies lors des bagarres finales,totalement ridicules d'ailleurs.Les comédiens n'ont pour la plupart pas fait de grandes carrières après ça.Seul Josh Brolin est devenu une star,et Martha Plimpton a accompli un honnête parcours de second rôle.Peut-être est-ce dû au fait que ce sont les "fils et filles de" de l'étape,Josh ayant pour père James Brolin alors que celui de Martha se nomme Keith Carradine.On ne reverra guère Sean Astin et Ke Huy Quan,alors que Jeff Cohen,formidable ici,délaissera la comédie pour devenir avocat et perdra tout son encombrant surpoids,se transformant en très beau mec.Corey Feldman fera hélas surtout parler de lui dans la rubrique des faits divers en divulguant les abus sexuels dont il a été,ainsi que son ami Corey Haim,décédé depuis,victime de la part de certains producteurs pédophiles hollywoodiens.La jolie Kerri Green a également vite disparu de la circulation.On ne peut s'empêcher de penser que c'est fort dommage quand on la voit ici cavaler en mini-jupe,ce qui nous vaut pas mal de charmants plans sur sa petite culotte.Pour ce qui est des adultes,on peut dire que le maquillage de John Matuszak est très réussi tant ça lui donne un visage absolument hideux et terrifiant.Enfin,souhaitons pour lui que ce soit un maquillage,même s'il s'en fout maintenant qu'il est mort.Trois bons comédiens incarnent le gang Fratelli,mais ils ont du mal à échapper à la guignolade que constituent leurs personnages.Robert Davi,avec sa fantastique gueule de vilain,s'en sort mieux qu'Anne Ramsey et Joe Pantoliano.Anecdote,l'assistant de deuxième équipe est Newt Arnold,qui connaîtra le succès trois ans plus tard en réalisant "Bloodsport",qui lancera la carrière de Jean-Claude Van Damme.