Première flamme d'un long brasier
L'autre jour je me trouvais dans un magasin de dvds en rab' à la recherche de quelques nouveautés à découvrir, quand soudain, entre l'intégral de Stargate et un anime japonais douteux, je tombe sur l'intégrale de Freddy. des griffes de la nuit en 84 jusqu'à "Freddy sort de la nuit" en 94, Freddy sera le croque-mitaine de 10 longues années. Je n'avais jamais rencontré le bonhomme si ce n'est les multiples images de grand brûlé au pull miteux et au chapeau rapiécé. Coup de coeur, j'achète et me lance dans le marathon.
Les griffes de la nuit, avec ses 30 ans d'écarts et un Johnny Depp qui découvre ses premiers poils, a méchamment vieilli.Le film est un symbole du classique horrifique à petit budget dans la lignée d'Halloween ou de massacre à la tronçonneuse (dont j'ai découvert le premier opus il y a quelques semaines. Coïncidence ?). Les codes encore jeune du nouveau film d'horreur s'imposent, mais avec un méchant différent. Freddy assume complètement son aspect fantastique.
Dès lors, le film ne vieillit pas tant que ça puisque tous les éléments scénaristiques qui paraissent dépassés sont soulagés par la dimension supplémentaire du cauchemars. Je m'explique : Là où on prend un malin plaisir à critiquer les actes des personnages "mais cours pas par là, blondasse ! Il va t'attraper avec sa tronçonneuse ! Mais quelle cruche alors !" dans Freddy, on passe plus de temps à s'interroger sur les éléments cauchemardesques que vivent les personnages. Là où la réalité nous éloignait du personnage puisqu'on en ressentait les faux semblants, ici on s'en rapproche car on est aussi perdu que celui-ci.
De plus, je l'ai maté hier soir chez moi et si le film perd clairement côté immersif, il en demeure pas moins que quelques passages continuent à nous faire ressentir un certain malaise. Je pense notamment à cette première mort, ou encore, pour rester dans les codes, la descente de l'héroïne à la cave. Dès lors, on peut imaginer le stress des spectateurs de l'époque avec le côté immersif en plus.
Parlons un peu cauchemars : le film n'a pas coûté cher et je pense que c'est un avantage car ça aura permis à Wes Craven de jouer sur une certaine sobriété. Là où on pourrait balancer des décors fumigénés et stromboscopes accompagnés de monstres animlés à la manière d'un ghostbuster qui se trouve difficilement regardable aujourd'hui sur ces aspects, le film entretient une certaine finesse. Les éléments qui différencient le rêve du cauchemars sont faibles mais sont toujours bien choisis : les marches d'escaliers où l'on s'embourbe (qui n'a jamais rêvé de courir au ralenti ?) le lit qui nous avale (un grand classique de notre vilain subconscient) ces éléments demeurent ainsi très secondaires et laissent d'autant plus de place à Freddy.
Lorsque l'on entend la voix de Freddy, on sait qu'on est dans le cauchemars.Il prend rapidement toute la place du film et c'est plaisant. Dommage que le casting en face (Depp compris) semble peiner à trouver une justesse. A l'époque sans doute ça passait, mais ici, ça donne les derniers coups de pelles nécessaires à bien enterrer l'immersion.
Je finirai avec la conclusion du film ; sorte de twist qui se voulait original mais qui est finalement juste mal foutu. Mais l'ensemble des 20 dernières minutes s'emmêlent complètement les pinceaux ; donc on s'y attend. Dommage pour Freddy puisque lui-même semble ne rien avoir compris à ce qui se passait.
Les griffes de la nuit reste un bon film à voir aujourd'hui. On se plonge dans les années 80, et autant l'image que les têtes que le personnage de Freddy nous plongent dans la nostalgie. En plus, le film conserve une certaine tension malgré tout. Et bon... C'est Freddy quoi...