Quand on arrive en ville, tout le monde change de trottoir.

Scénario :
Une bande de jeunes gens se perdre dans la jungle. Accusés d'avoir tué le chef d'une tribu locale, ils vont devoir affronter mille danger avant de pouvoir rentrer au campement et retrouver la civilisation : batailles contre les autres tribus, piège des amazones, perte dans un milieu hostile, labyrinthe, etc... Alors qu'au loin retenti le son du tambour qui alerte toute la vie sauvage, nos héros seront-ils assez futés pour sortir tous sain et sauf, alors qu'une partie de leur groupe est composé de personnages cons comme des briques ?


Bref, un scénario de film d'aventure, sauf qu'on est à New York en 1979 et qu'il s'agit d'une jungle... urbaine


Ce film fait partie de mon Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" version "C'est sûrement de la merde mais je suis curieux."



En tant que sujet d'étude :



Les guerriers de la nuit est le film que je voulais étudier pour voir à quel point le cinéma d'action des années 80 avait influencé les jeux vidéos. En l'occurrence, il s'agissait d'une remarque de Karim Debbache sur le fait que ce film aura un impact décisif sur l'esthétique des Beat'Em All de Fatal Fury à Double Dragon.


Un film "mélange des genres" :


Mais pour le coup, ce film avant d'être un créateur de codes utilise des codes d'autres genres de films pour l'adapter à sa sauce. Comme je l'ai expliqué dans mon résumé d'introduction, il s'agit d'un film jouant prenant l'expression "jungle urbaine" au premier degré afin d'en faire un film d'action.


Et pour le coup, le film joue à mort de cela et du fait que dans certaines villes les quartiers soient des zones distantes, avec un plan de métro incompréhensible et des ados qui ne sont jamais sortit des rues où ils trainent. Les mecs se perdent, sont pris en chasses, doivent aller d'un point à un autre, sans que cela soit ridicule.


Il faut aussi se souvenir (c'est rappellé aussi dans Taxi Driver) que le New York des années 70 c'est vraiment la zone : il y a beaucoup de quartiers malsains, le métro est loin d'être un endroit sûr et des tas de bandes organisées se font la guerre. Ok, le film abuse ici du nombre de bandes et de leurs costumes (les joueurs de base-ball, les mecs maquillés comme le groupe Kiss, ceux qui semblent échappé d'Orange Mecanique, les mecs qui sont... en t-shirt vert... parce que c'est un truc évidemment) et même les guerriers, la bande que l'on suit principalement, n'échappe pas aux costumes ridicule. (J'ai froid pour eux.) Aussi étrange que ça puisse paraitre, les bandes ne se divisent pas sur des critères ethniques et ce point n'est même pas abordé de tout le film.


Mais le fait que ça soit joué au premier degrés en fait un film intéressant : les ondes radios deviennent un moyen de diffuser des messages cachés, on suit les plans des bandes rivales tout au long des pérégrinations des héros. On sent que les scénaristes ont choisis de s'éloigner du côté vraiment dur du livre original (où les protagonistes tuait un civil et violaient des filles) pour en garder un côté plus "ludique". D'ailleurs la speakerine de la radio sert à la fois de justification à la bande son et de choeur antique qui sait exactement ce qu'il se passe et commente l'action


Car il y a une sorte de réinterprétation du mythe grecque dans le film (apparemment basée sur une relecture totalement pété de l'Anabase de Xenophon) : l'odyssé des personnages, leur nom renvoyant à la mythologie grecque et le deus ex-machinae de la fin. Les policiers y sont vus comme les dieux ou le destin s'abattant sur eux comme une menace que l'on ne peut contrer.


Le tout étant associé à la vision des bandes de jeunes telles qu'on les voyait à l'époque : on pourrait passer les morceaux "quand on arrive en ville" ou "je suis une bande de jeune" par dessus les images du film, ça marcherait parfaitement. Y compris sur sa fin assez naïve :


La bande rivale est châtié d'avoir foutue la merde ("juste parce que c'était marrant") et tout est bien qui finit bien.


La matrice du jeu de baston.


Ok, impossible de ne pas penser à un jeu vidéo en voyant ce film (et ce, alors que les jeux de bastons en étaient à leur balbutiements) : on a des personnages qui doivent aller d'un point A à un point B mais qui y vont par pallier, qui sont autant de stations de métros dans lesquelles ils doivent se rendre le plus vite possible. Entre temps, les différentes bandes croisées, vont, comme dans un jeu vidéo, par un niveau croissant : ils tombent sur un groupe minable qu'ils battent facilement, puis des types armées qu'ils défoncent dans un parc, puis des mecs un peu plus dangereux, etc... Chaque affrontement fini par une séquence où les héros, de moins en moins nombreux (comme autant de vies perdues) Idem pour la police, qui par son statut "puissance au dessus de tout" devient une sorte de chronomètre ou de fatalité à laquelle les héros doivent fuir.


Du coup, les beat'em all vont reprendre ce côté affrontement ainsi que toutes l'esthétique des bandes que l'on croise : les mecs avec une chemise ouverte, les filles un peu amazones, les mecs en cuir, les types armées de batte de baseball. Jusqu'au gros 4x4 rempli d'ennemi qui pourchasse les ennemis. Au point qu'un fan game aura été développé autour du film, des décennies plus tard.
A noter la fin qui par contre, se finit de manière un peu anticlimatique, là où on aurait aimé un combat de boss.



Mon avis personnel :



Je suis agréablement surpris par ce film et ce, dès son générique qui plante directement le décors : il y a une réunion de tous les gangs et les personnages doivent s'y rendre en métro. Et le métro du film est magnifié dans le générique où l'on le voit parcourir les tunnels en vue subjective.


Moi qui m'attendais à un film de baston random avec des bandes qui se battent (ce qui est un peu le cas) j'ai été vraiment agréablement surpris par l'idée générale, le côté original de la ville devenue labyrinthe et le côté "survie" du groupe. Avec, une pointe (très rapide) de discours social, où le groupe, revenu de tout, affronte le regard des jeunes bourgeois dans le métro qui les accompagne après leur soirée. Une thématique que l'on a souvent retrouvé dans la peinture du XIXe siècle.


Après, le traitement de la femme dans ce film est bizarre. Apparemment, les auteurs ont voulus gommer tout le côté "violeurs en réunion" que les personnages avaient dans le livre d'origine, mais du coup, ça en fait des personnages qui ont des comportements de violeurs mais qui ne passent pas à l'action, le statut de Mercy passe d'une scène à l'autre de "folle du cul qui a décide de les suivre" à "otage" ou "amoureuse de Swann qui le colle au cul." C'est très étrange.


Après, les personnage ne pensent qu'a draguer les filles qu'ils rencontrent comme autant de trophée... mais d'un autre côté, la moitié du temps, il s'avère que celles-ci ont plus de tempérament que la "random femme objet" et qu'ils se font toujours piéger à chaque fois qu'ils ont pensés avec leur bite.


Ce qui est amène sur le point faible du film : je n'ai aucun attachement pour les personnages principaux. J'ai déjà du mal à les différencier. Il faut dire qu'ils sont CONS, qu'ils tombent dans des panneaux gros comme des maisons (ho ces filles dont on a jamais entendu parler nous invite soudainement à leur fête, allons-y) et qu'il n'y a aucune alchimie entre eux. Les mecs passent plus de temps à se disputer pour savoir qui est le chef qu'a réfléchir à des solutions concrète pour s'en sortir. Même au niveau des bastons, les Warriors s'en sortent... juste parce qu'ils sont plus fort que les autres. Y a pas plus d'explications que ça, il n'y a qu'à la fin que le groupe soudé


Mais du coup, ça en fait une représentation parfaite de l'ado con dans sa tête, obsédé sexuel et qui est persuadé que les choses peuvent se régler à coup de poing. Et ce, jusque dans la fin, assez expédiée, il faut le dire.

le-mad-dog
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le 17 févr. 2019

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