Pour son premier passage au cinéma, le téléaste Christian Faure nous ramène presque 80 ans ans en arrière, à l'époque de la crise et du chômage, dans une maison d'éducation surveillée où est accueilli le jeune Yves Tréguier. Là, il va découvrir un nouveau monde, un monde violent, sans pitié, où les faibles sont mangés par les plus forts et où l'institution fait finalement main basse sur les agissements qui règnent dans sa bâtisse. Désemparé mais téméraire, Yves va garder espoir quant à sa future évasion de cet enfer. Vu comme ça, on dirait un banal téléfilm...


Pourtant, Christian Faure réussit à outrepasser ce stade grâce à une mise en scène des plus soignées, allant des incroyables décors naturels (le film a été tourné dans l'ancien Hôpital de la Marine de Rochefort) à une musique bouleversante en passant par une photographie exemplaire, le réalisateur n'omettant pas d'instaurer à son premier long-métrage une atmosphère pesante, presque effrayante. Pour l'histoire, le film relate la jeunesse romancée de l'écrivain Auguste Le Breton et plus particulièrement son passage dans un Centre d'Éducation Surveillée suite à ses nombreuses fugues de l'orphelinat où il vivait.


Le film reprend fidèlement le roman autobiographique de Le Breton et nous fait suivre ce douloureux passage vers l'âge adulte. Matons violents, viols passés sous silence, jeux d'argent et bagarres incessantes sont donc le quotidien des Arches dirigés par un directeur (Michel Jonasz) fermant les yeux sur les méthodes de bourreaux qui y gisent et mené à la baguette par un surveillant chef dégénéré (François Damiens). Ce qui y vit, c'est des adolescents révoltés par le système français, par ces parents délaissant leurs enfants pour les mettre dans cette prison pour mineurs, des jeunes qui se battent tous les jours en ayant oublier leurs rêves.


Notre jeune héros (campé par le candide Émile Berling) va ainsi se lier d'amitié avec des p'tits gars comme lui qui vont le prendre sous leur aile sans l'empêcher de continuer à rêver. Des gars comme le protecteur Blondeau (l'excellent Guillaume Gouix), le révolutionnaire mélomane Fil de Fer (Julien Bouanich, bluffant) ou encore le rigolo Le Rat (Jonathan Reyes). Ainsi, peuplé de personnages attachants et d'une histoire touchante imprégné d'un réalisme saisissant, Les Hauts Murs est un film dramatique poignant, interprété avec conviction par de jeunes acteurs talentueux et réalisé avec suffisamment de dynamisme et de professionnalisme pour valoir le coup d'œil.

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le 8 avr. 2019

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