Les Heures sombres décrit les premières semaines de Winston Churchill au poste de premier ministre, depuis la veille de son élection jusqu’à la fin de la bataille de Dunkerque le 4 juin 1940. Le scénario évoque les moments d'histoire qui se jouent durant cette période, la bataille de France, la négociation avec le Reich via les italiens et Dunkerque, alternant avec des scènes décrivant la tambouille politique à la Chambre des lords, le tout saupoudré de scènes familiales et intimistes qui viennent humaniser le bonhomme.


Ce film, alléchant mais raté disons-le tout de suite, a trois problèmes : un gros problème de casting, un problème de cul entre deux chaises et enfin un problème d'orgueil national.


Le premier problème, le plus grave, celui qui entraîne les Heures sombres dans les abîmes destinés aux mauvais films qui ne peuvent même pas espérer devenir un jour un nanar sympathique, se nomme Gary Oldman. Je n’ai pas coché toute sa filmographie, mais j’en ai vu assez pour le classer définitivement dans la catégorie « acteur qui surjoue ». Et quoi de mieux pour surjouer que de commencer par se surmaquiller ? C’est ainsi qu’on se coltine, entre dégoût et horreur, Gary Churchill (ou Winston Oldman, c’est comme vous voulez) boursouflé sous une tonne de maquillage entrain de cabotiner durant deux heures.


Ensuite, second problème, le film tente par moment de prendre le spectateur par la main et de lui expliquer les enjeux, de dépeindre les acteurs du moment et en même temps, il essaye de retranscrire fidèlement les événements historiques. En somme, pédagogique tout en restant fidèle et précis quant à l’Histoire. Objectif louable. Et totalement foiré. Il réussit l’exploit de n’être ni l’un ni l’autre. Un non british, soit à peu plus de 99% de la population mondiale, se demandera qui sont les zigues qui défilent à l’écran sans être présentés, voire pas nommés du tout. Heureusement que Gary fume le barreau de chaise et qu’on appelle le roi par son titre pour les reconnaître. Un entre-soi qui n’aide pas à la compréhension, excluant tous ceux qui n’ont pas fait un mémoire sur les partis politiques anglais en 1940. À côté de cela, le réalisateur Joe Wright met en scène l’histoire en nous balançant des plans aériens CGI sur les évènements de la guerre complètement bidons. En passant, il fait des raccourcis (Winston Oldman dans le métro londonien qui surjoue devant un panel de londoniens apeurés par le maquillage grotesque de Gary) ou des imprécisions biaisées volontairement (les bateaux civils ont sauvé l’armée britannique, oui… 10% environ des évacués, et le reste Joe, le reste ?)


Ce qui m’amènent au troisième problème, le message du film. Le bousin se conclue dans un élan patriotique qu’on pouvait trouver dans des blockbusters américains à une certaine époque. Le peuple est prêt à se sacrifier, le roi, Winston, les ministres sont disposés à mourir pour le sol sacré du Royaume-Uni, les britons sont fiers, ils ne se rendront pas, jamais, jamais. Un cliché indigeste au XXIème siècle, pas de recul, une absence gênante de la moindre analyse, on sort frustré de ce film inutile et vain, si ce n’est les deux ou trois anecdotes sur le bouledogue qu’on pourra glaner.

Llywel
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le 25 juin 2018

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